A la une

Bénin : Les prouesses du président-businessman et bien plus encore quand il exploitera les ressources minérales

Partager

Un «petit» pays (114 763 km2) mais une Grande Histoire, une Grande Civilisation incarnées par le royaume du Dahomey (de l’an 1600 à 1900 selon certaines sources), une glorieuse épopée racontée par le Musée d’Abomey, l’ancienne capitale du royaume. Fort de sa riche tradition qui a forgé les valeurs des Béninois à travers les siècles le pays regarde fièrement vers l’avant, vers un destin aussi brillant que son passé, sous la conduite éclairée de son président Patrice Talon, 65 ans, un homme d’affaires qui a fait fortune avec les intrants agricoles avant de migrer vers un autre secteur très juteux, le coton, une des richesses de la République du Bénin et dont il est le premier producteur en Afrique.

Les retombées de la démocratie dont Patrice Talon a hérité

Beaucoup ne connaissent de ce pays francophone ouest-africain que l’invention de la sulfureuse religion Vaudou, qui inspire les pires fantasmes aux amateurs de sensations fortes et d’univers occultes. Mais les Africains vous diront que c’est sans doute l’un des modèles de démocratie les plus illustres du continent. Et cela a commencé bien avant la plupart des pays africains, en 1990, quand la transition consécutive à la nouvelle Constitution a été confiée au sage Nicéphore Soglo, ancien Directeur Afrique de la Banque mondiale.

C’est lui qui a tourné la sombre page du tristement célèbre Mathieu Kérékou, un militaire qui eut la funeste idée d’instaurer à partir de 1972 le marxisme-léninisme comme la boussole idéologique du gouvernement. Des erreurs historiques tragiques que les Béninois ont vécu dans leur chair. Le chef de la transition bat Kérékou aux élections de 1991 et enterre avec une bonne partie des souffrances des citoyens. Depuis le pays n’est plus sorti des rails de la démocratie, même quand Kérékou revint au pouvoir, par le pouvoir des urnes, en 1996.

Quand Patrice Talon est élu en avril 2016 il a trouvé un pays stable et apaisé par des décennies de culture démocratique. Il est entré dans la politique par la petite fenêtre en finançant massivement l’accession au pouvoir de Thomas Boni Yayi en 2006. Le régime se retourna contre son mécène et colla les pires accusations à l’actuel président sans jamais le traduire en justice. Il n’eut d’autre choix que l’exil…pour un retour triomphal quelques années après. En avril 2021 il est réélu dès le premier tour de l’élection présidentielle, avec 86,36% des voix.

Les Béninois ne jurent que par lui. C’est lui qui a la lourde responsabilité de conforter le solide taux de croissance enregistré ces dernières années et de laisser une nation prospère aux 13,5 millions de citoyens. Après une progression spectaculaire à +7,2% en 2021 la croissance s’est tassée à 6,3% en 2022. C’est très bien, surtout au regard des performances des autres, mais le président Talon ne s’en satisfera pas pour rogner davantage les strates de pauvreté et réduire le déficit et l’endettement publics, même s’ils paraissent maitrisés avec les règles fixées par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest).

Le camp des possibilités, infinies

En 2019 le ministère béninois des Mines a fait état de ressources minérales tapies dans le sous-sol et qui sont à ce jour inexploitées, en tout cas pas suffisamment : de l’or, des matériaux de construction, du fer, des phosphates, de l’étain, du lithium, de l’uranium mais aussi des indices de nickel, rutile, zircon et diamant. Les autorités y croient beaucoup. Quand elles réussiront à gagner la conviction des investisseurs étrangers le président Talon aura alors des marges budgétaires pour changer radicalement le destin de ses concitoyens.

Les pays frontaliers – le Nigéria, le Burkina Faso, le Niger et le Togo – ont déjà posé de solides jalons dans l’exploitation de leurs sous-sols pour sortir d’un sous-développement chronique que les populations doivent à la défaillance totale de leurs gouvernants successifs. Le Bénin devra suivre les pas de ses voisins. L’agriculture et les industries de transformation agricole (le coton et l’anacarde essentiellement) rapportent beaucoup, certes, mais ça ne suffira pas pour tirer vers le haut tout un pays.

Le Bénin a deux atouts de taille : Deux corridors régionaux de la plus haute importance stratégique. Le corridor Abidjan (Côte d’Ivoire) – Lagos (Nigéria) et le corridor Cotonou (Bénin) – Niamey (Niamey). Cette position géographique fait du Bénin un carrefour commercial et touristique de tout premier plan. Par ailleurs le Bénin a 121 kilomètres de côte le long du golfe de Guinée. Le jour où le pays exploitera de manière optimale ces cartes maitresses, avec des produits plus porteurs commercialement, les Béninois atteindront des sommets. Le président Talon a démontré dans son propre business qu’il a le savoir-faire, s’il parvient à le transposer à grande échelle ce sera le Jackpot national.

Article extrait de TN Le Mag – Numéro de Janvier 2024, disponible en libre télèchargement (ICI)

Laissez un commentaire
Publié par
Souleymane Loum