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Bezos lâche Trump et décide d’exposer les dégâts de ses taxes, la Maison-Blanche en fait un “traître à la nation”

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Le président Donald Trump se devait de faire ou dire quelque chose pour marquer les 100 premiers jours de son second mandat. Puisqu’il n’a rien à mettre sous la dent de ses électeurs il s’est borné à dire qu’il est plus confortablement assis qu’en 2016 – comprenez mieux élu – et qu’il gouverne non seulement les Etats-Unis d’Amérique mais également le monde. C’est faux, évidemment, personne n’y croit, même pas lui. Ce que la planète a vu c’est un président qui tâtonne, improvise, pilote à vue, dit une chose aujourd’hui et demain le contraire, un Chef de guerre qui avance et recule aussitôt (sur les droits de douane), qui flanche devant son premier ennemi après l’avoir frappé. Ce que les Américains ont vu c’est un vendeur de rêves dont le seul fait d’armes est d’avoir fait flamber le quotidien de ses concitoyens. C’est ce que Jeff Bezos projette de dénoncer. Mal lui en a pris.

Musk souffre sans broncher, Bezos non

Le fondateur d’Amazon, 3e homme le plus riche de la planète, a décidé de montrer à ses acheteurs qu’il payent plus cher leurs produits par la faute des surtaxes complètement irrationnelles du républicain. Si Elon Musk a encaissé sans broncher les conséquences de son compagnonnage avec le président, Bezos lui prend mal le fait que sa fortune commence à fondre. Punchbowl News rapporte qu’Amazon se prépare à afficher sur son site le coût additionnel consécutif aux tarifs douaniers de Trump…

La Maison-Blanche fulmine et contre-attaque, pas question de laisser le très influent milliardaire saborder la réputation – ou plutôt ce qui en reste – de la politique commerciale du gouvernement. Ce mardi 29 avril le cabinet de Trump s’en est vertement pris à Amazon. Cogner le premier pour s’assurer de garder l’avantage communicationnel, à défaut d’avoir des résultats tangibles à présenter. Devant les médias, Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, a qualifié le projet de Bezos d’«acte hostile et politique».

C’est peu ou prou le même vocabulaire utilisé par Trump pour cataloguer la Chine ou les Européens, que Washington accusent du pire dans les relations commerciales. C’est dire la fébrilité et la nervosité qui règnent dans la capitale fédérale face à des résultats qui ne viennent pas et ne viendront jamais, parce que viciés dès le départ en se basant sur des théories et hypothèses fumeuses. D’ailleurs Musk l’a dit publiquement. Pourtant le président n’a pas braqué sur lui ses missiles, pour Bezos le républicain ne fera aucun cadeau.

Trump frappe là où ça fait mal : la Chine…

Lors de son point presse Mme Leavitt a dégainé un article de presse avec une photo du patron d’Amazon, elle a désigné sur le cliché le milliardaire. Pour faire mal elle a déterré un article de Reuters datant de 2021, il parlait d’un projet entre le ténor mondial du commerce en ligne et un «organe de propagande chinois»…

«Voilà encore une raison pour laquelle les Américains doivent acheter américain. C’est une des raisons pour lesquelles nous rapatrions des chaînes d’approvisionnement essentielles chez nous, afin de renforcer notre propre production et notre industrie nationale», a glissé perfidement la porte-parole de la Maison-Blanche. Une manière d’imprimer dans les esprits que Bezos est un de ces traîtres à la nation responsables du malheur des Américains.

C’est un argumentaire complètement fallacieux, mais en matière de mauvaise foi personne ne peut battre Trump. Il est capable de tout et pour faire la route avec lui il faut être capable de faire ce qu’il fait. Regardez ce que sont devenus le vice-président JD Vance et le secrétaire d’Etat Marco Rubio, ils sont passés d’adversaires coriaces du républicain à promoteurs de toutes ses basses oeuvres, pour ne pas dire quelque chose d’encore plus dégradant.

Après ça que reste-t-il des liens entre le fondateur d’Amazon et l’administration Trump ? Bezos avait fait mouvement vers le républicain, il l’avait félicité pour son triomphe électoral en novembre dernier, était au premier rang lors de son investiture et avait dîné avec lui à la Maison-Blanche. Sans parler du million de dollars qui est allé garnir le fonds d’investiture de Trump. A ajouter au fait que Bezos a taillé les ailes de son journal, “Washington Post”, réputé anti-Trump.

Quand on demande à Mme Leavitt si le président s’arrêtera à ce coup de semonce en public elle refuse de se prononcer. Bezos est très puissant mais le républicain l’est encore plus, avec toute la capacité de nuisance que sa fonction a mise entre ses mains. Alors on verra jusqu’où sa rancune ira et jusqu’où le propriétaire d’Amazon ira pour freiner l’érosion de son stock de milliards.

 

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