Le président américain Joe Biden a présenté une stratégie nationale visant à contrer l’islamophobie, dans un contexte de montée des discriminations contre les musulmans et les Arabes, notamment depuis le début du conflit à Gaza. Cette initiative, bien qu’attendue, suscite des critiques virulentes, particulièrement de la part du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) et du camp Trump.
Une stratégie en décalage avec les attentes
La stratégie de 64 pages a été dévoilée alors que le président élu Donald Trump s’apprête à reprendre les rênes de la Maison-Blanche en janvier prochain. Cette initiative s’inscrit dans la lignée des efforts de lutte contre l’antisémitisme, mais selon CAIR, elle est “tardive” et “incomplète”.
Dans une déclaration publiée sur X, CAIR a souligné que cette stratégie “ne promet aucun changement aux programmes fédéraux qui perpétuent la discrimination anti-musulmane, tels que la liste fédérale de surveillance et la liste noire des vols”. L’organisation a également fustigé l’absence de mesures concrètes pour s’attaquer à ce qu’elle décrit comme le “principal moteur de l’islamophobie aujourd’hui : le soutien des États-Unis au génocide à Gaza”.
Un soutien américain controversé à Israël
Les critiques de CAIR vont plus loin en dénonçant le rôle des États-Unis dans le conflit israélo-palestinien. “Le président Biden ne peut pas prétendre lutter contre l’islamophobie tout en finançant et armant le gouvernement israélien, responsable de la destruction de mosquées, de la profanation de Corans et de massacres contre une population majoritairement musulmane”, a affirmé l’organisation.
Selon CAIR, la seule mesure réellement efficace pour réduire l’islamophobie serait d’utiliser l’influence américaine pour forcer Israël à mettre fin à ses actions militaires à Gaza.
La position du camp Trump
De son côté, l’équipe de transition de Donald Trump n’a pas encore officiellement commenté cette stratégie, mais les positions de l’ancien président restent claires. Lors de sa première présidence, Trump avait imposé un décret controversé interdisant l’entrée sur le territoire américain aux citoyens de plusieurs pays majoritairement musulmans. Ce décret, rapidement annulé par Biden à son arrivée au pouvoir, pourrait refaire surface sous une forme ou une autre.
Trump, qui a récemment renforcé son discours sur la sécurité nationale, a également promis des mesures pour interdire l’entrée de toute personne “remettant en question le droit d’Israël à exister”. Il a également évoqué l’idée d’expulser des étudiants étrangers “antisémites”, des propos qui pourraient polariser davantage le débat sur les questions de discrimination.
Les limites de la stratégie Biden
Dans l’introduction de la stratégie, Biden a dénoncé les crimes de haine, citant l’assassinat de Wadi Al-Fayoumi, un enfant musulman de 6 ans poignardé par un voisin en raison de son origine palestinienne. Il a également rappelé que “les politiques discriminatoires à l’encontre de communautés entières sont mauvaises et ne protègent pas notre sécurité”.
Cependant, des observateurs estiment que ces mots restent insuffisants face aux réalités sur le terrain. La stratégie ne contient aucune mention explicite de la fin des politiques telles que la surveillance fédérale ou la liste noire des vols, deux mesures souvent dénoncées comme discriminatoires envers les communautés musulmanes et arabes.
Un défi politique et moral
Alors que Biden approche de la fin de son mandat, cette stratégie met en lumière un dilemme : comment concilier un discours de lutte contre les discriminations avec des décisions politiques qui, selon ses détracteurs, alimentent l’islamophobie ?
Face à un contexte international tendu et à une opinion publique divisée, le président sortant se trouve confronté à des attentes contradictoires. La communauté musulmane, tout comme ses alliés progressistes, espère des actions plus décisives, alors que ses opposants politiques pourraient utiliser ce plan pour alimenter leurs critiques.
Although we and many American Muslims would normally welcome a national strategy to combat Islamophobia, the White House’s long-delayed strategy is too little, too late.
The 67-page document lays out some positive recommendations related to anti-Muslim bigotry, but it has been… https://t.co/Ysa1mEkY0A
— CAIR National (@CAIRNational) December 12, 2024
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