Economie

Black-out total sur la réalité de la situation alimentaire en Tunisie

Black-out total sur la réalité de la situation alimentaire en Tunisie

Le week-end dernier, l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) a publié un bulletin économique intitulé « Les choix de l’Etat dans le secteur des céréales : des options coûteuses et non durables ».

Le bulletin a souligné, dans ce contexte, que la ministre du commerce et du développement des exportations, Fadhila Rabhi – que des sources confirment que son limogeage semble être imminent – a récemment déclaré que les quantités de blé tendre et dur disponibles à l’Office des céréales couvrent les besoins du pays jusqu’à mai prochain jusqu’à ce que la production soit disponible à partir de la saison 2022.

Toutefois, la ministre aura oublié la pénurie et la perturbation des approvisionnements des minoteries et des boulangeries, ainsi que la pénurie en semoule et autres denrées de base, en général.

Rabhi a également a évoqué, selon le bulletin, l’augmentation du coût des subventions des produits de base de 71,4% dans le budget 2022 par rapport à l’année 2021, et qui pourrait atteindre même 4300 millions dinars, contre 3771 millions dinars prévus dans la loi de finances pour l’année 2022, notant que cela dépasse les capacités des finances publiques et de la caisse de compensations, tout en soulignant que le ministère adoptera une stratégie visant à rationaliser la consommation des matières de base.

Néanmoins, Rabhi n’a jamais mentionné l’existence d’un programme pour faire face au monopole et au gaspillage, revoir les systèmes de quotas dans ce secteur, ainsi que la réforme des circuits de distribution, même partiellement.

Il est à noter qu’en se concentrant sur le blé, dont les dépenses de subvention représentent 80% des dépenses totales de subventions des produits de base pour l’année 2022, le système d’approvisionnement en céréales a connu une augmentation de 20% au cours de l’année 2021, vu que la Tunisie importe 80% de ses besoins en blé tendre et entre 20 et 30% de blé dur en 2021, ce qui indique que les prévisions du ministère du Commerce concernant la campagne 2022 ne sont pas réalistes et ne suffisent pour couvrir les besoins en blé, surtout avec la diminution des superficies de culture de blé de 18 % entre 2009 et 2018.

Alors que les prix fluctuent sur le marché mondial pour plusieurs raisons, telles que les sécheresses fréquentes dues aux changements climatiques, les prix élevés du fret en raison de la crise sanitaire et la crise russo-ukrainienne qui menace l’approvisionnement mondial en blé, plusieurs questions se posent quant à l’ampleur de l’engagement de l’État tunisien à œuvrer au renforcement de la souveraineté alimentaire pour préserver la fragile sécurité alimentaire des Tunisiens.

Dans sa déclaration, la ministre du Commerce a mis l’accent sur le fait que le coût des subventions des produits de base est devenu au-delà des capacités des finances publiques, alors que la politique menée par les autorités pour réduire la dépendance aux importations de blé, qui épuise les réserves en devises du pays, n’a pas été élucidée.

Les chiffres indiquent que le déficit de la balance alimentaire de la Tunisie a triplé au cours des dix premiers mois de 2021, il a atteint 1690 millions de dinars en 2021, contre 619 millions de dinars en 2020.

Le gouvernement n’a également pris aucune mesure pour préserver les grandes cultures en général ou la culture du blé en particulier.

Il est également possible d’encourager l’utilisation de semences locales et de travailler à l’augmentation des superficies destinées à la culture du blé afin d’augmenter la capacité de production totale en trouvant des solutions pratiques au déficit alimentaire. Avec l’augmentation de la production locale, l’offre se contracte et le déficit de la balance alimentaire se réduit, ce qui entraîne une réduction de la charge sur les stocks de devises.

Il convient de rappeler que la dépendance à l’égard des importations pour couvrir les besoins céréaliers de la Tunisie est principalement due à la baisse de la productivité de l’agriculture tunisienne, une crise dont le début a été connu dans les années quatre-vingt du siècle dernier lorsque le Fonds monétaire international est intervenu en Tunisie pour corriger la situation économique à travers le programme de réformes structurelles.

Ce programme comprenait un programme de « réforme » agricole qui encourageait l’agriculture destinée à l’export et l’intérêt pour des produits hautement compétitifs sur le marché mondial afin d’apporter plus de devises étrangères et de restaurer ainsi la capacité de rembourser les dettes, comme prévu par le programme de réforme structurelle.

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