Economie

Blé en eaux troubles : l’accord de la Mer noire reconduit

Blé en eaux troubles : l’accord de la Mer noire reconduit

Pour la troisième fois, l’accord qui garantit l’export sécurisé du blé ukrainien a été renouvelé le 18 mai 2023, dissipant ainsi les risques qui pèsent d’une manière significative particulièrement sur la sécurité alimentaire au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne.

Enjeux cruciaux

Si la situation s’est relativement stabilisée depuis, avec un prix de blé ayant plus ou moins retrouvé ses niveaux d’avant-guerre, les cours restent malgré tout élevés, aux alentours de 250 à 300 euros la tonne en moyenne, d’après les chiffres de la Banque mondiale. Un lourd tribut à payer pour les pays qui dépendent des importations pour leur sécurité alimentaire.

Les grandes zones d’achat aujourd’hui dans le monde sont le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud-Est. Ces quatre sous-régions représentent deux tiers, voire 70% chaque année de l’importation mondiale de blé selon les experts.

L’Ukraine est l’un des plus grands exportateurs de céréales au monde. Elle fournissait environ 45 millions de tonnes chaque année avant 2022.

Un équilibre fragile

Parmi les pays importateurs nets de blé, c’est-à-dire qui importent plus qu’ils n’exportent, tous n’ont pas les ressources pour faire face à cette augmentation des prix à l’instar de notre pays.

Ce relatif équilibre des prix ne tient qu’à un fil : le maintien des exports grâce au passage sécurisé des navires de blé ukrainiens dans la mer Noire. Un transit garanti depuis juillet 2022 par un accord négocié par l’Onu et la Turquie : l’Initiative céréalière de la mer Noire.

Mais cet accord onusien doit être renouvelé tous les 120 jours par l’Ukraine et par la Russie. Il est donc “conditionné au bon vouloir de Moscou et du Kremlin“. Il a déjà été renouvelé deux fois, en novembre puis en mars.

Cependant, le 18 mars 2023, Moscou a changé les règles du jeu en ne renouvelant l’accord que pour 60 jours au lieu de 120. Une manière pour avoir moins de sanctions économiques européennes.

La Russie affirme que ces sanctions ont un impact négatif sur ses exportations agricoles et menace de ne pas renouveler l’initiative après le 18 mai. Non sans conséquences pour les prix.

D’autres alternatives à la voie maritime

Si l’accord n’était pas prolongé le 18 mai, les pays net importateurs devraient compter davantage sur une voie alternative aux ports de la mer Noire pour importer leurs céréales. Depuis un an, l’Union européenne a mis en place des « corridors de solidarité ».

Ces voies de transit terrestre ont déjà permis de faire sortir environ 30 millions de tonnes de céréales du pays et ce mécanisme devrait être renouvelé pour un an de plus. Toutefois, L’accord sur l’exportation via la mer Noire des céréales ukrainiennes, crucial pour l’approvisionnement alimentaire mondial, a été prolongé le 17 mai 2023 de deux mois. Le Kremlin a pour sa part confirmé la prolongation, tout en dénonçant une mise en œuvre « déséquilibrée ».

Depuis juillet 2022, l’accord a permis d’exporter ces dix derniers mois plus de 30 millions de tonnes de céréales ukrainiennes, permettant de soulager la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre.

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