Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, est très occupé en ce moment par l’Ukraine mais n’en oublie pas pour autant la Tunisie. Et il appuie là où ça fait mal : L’aide financière dont a “cruellement besoin” le pays. Blinken a déclaré hier jeudi 28 avril que la Tunisie doit éclairer les lanternes de ses partenaires sur sa trajectoire politique et institutionnelle avant de requérir une aide étrangère. Alors cela voudrait-il dire que Tunis devra faire une croix sur le coup de pouce de ses soutiens tant qu’il n’aura pas montré patte blanche sur les idéaux et principes démocratiques ?
A noter que le chef de la diplomatie américaine a pris la parole devant une commission de la Chambre des représentants. Ce qui le dérange le plus, c’est le fait que le chef de l’Etat tunisien, Kais Saied, se soit auto-désigné seul maître à bord et qu’il se soit arrogé les pleins pouvoirs dans tous les aspects de la vie du pays. Blinken est d’avis que la Tunisie devra tenir son engament d’organiser des élections législatives au plus tard à la fin de cette année…
«Je pense que la chose la plus importante pour eux est qu’ils se rendent pleinement éligibles à l’aide des institutions financières internationales (…). Nous avons dit clairement que notre soutien est possible, mais que nous voulons voir la Tunisie retourner sur la voie qui était la sienne», a ajouté le secrétaire d’Etat américain, rapporte Le Figaro…
Le journal français rappelle que les USA sont le principal actionnaire du Fonds monétaire international (FMI), avec lequel Tunis négocie en ce moment même et les échos sont très bons. Alors est-ce que Washington irait jusqu’à prendre en otage l’accord en vue entre la Tunisie et le FMI ? Jusqu’ici la Maison Blanche s’est gardée d’évoquer le dossier tunisien au FMI, dernièrement elle s’était bornée à sanctionner la trajectoire prise par Kais Saied en supprimant une partie de l’aide bilatérale. Mais il n’a jamais été question de conditionner le coup de main du FMI…
Blinken a la dent dure avec Tunis et manifestement il ne lâchera pas sa proie. Chaque fois qu’il évoque la jeune démocratie c’est pour en dire du mal. La dernière fois il a fait irruption dans la célébration du 66e anniversaire de l’Indépendance pour envoyer une petite missive aux allures de missile. Il a fait deux tournées en Afrique et a systématiquement ignoré la Tunisie, alors qu’il s’est rendu chez le voisin et frère algérien, pourtant un adversaire coriace du petit protégé des USA, Israël. Tout au plus Blinken a daigné envoyer à Tunis son adjointe, et elle n’était pas venue avec des fleurs…
Le secrétaire d’Etat américain n’est pas un ami de la Tunisie de Kais Saied, c’est clair. Et s’il ne l’est pas le président américain non plus. Reste à savoir si cet état de fait porte en lui les germes de la nuisance pour les intérêts supérieurs de Tunis…
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