La chambre d’accusation de la Cour d’appel d’Alger a rejeté, ce mercredi, la demande de remise en liberté de l’écrivain Boualem Sansal, incarcéré depuis le 16 novembre dernier. Accusé d’« atteintes à l’intégrité territoriale » et à « l’unité nationale », Sansal demeure en prison, une décision qui alimente les tensions entre Alger et Paris.
Une enquête controversée
Les autorités algériennes reprochent à Boualem Sansal ses déclarations publiques ainsi que ses liens présumés avec le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé « organisation terroriste » en Algérie. Âgé de 75 ans, l’écrivain est détenu à la prison de Koléa, après un court passage à l’hôpital.
L’enquête s’intéresse également au virage idéologique de Sansal. Longtemps connu pour ses prises de position anti-islamistes, l’écrivain s’est rapproché de thèses défendues par l’extrême droite française, notamment sur l’immigration et la mémoire coloniale. Ces évolutions ont suscité des critiques aussi bien en Algérie qu’en France, où son œuvre divise.
Réactions en France et à l’international
L’arrestation de Sansal a provoqué une onde de choc en France. L’extrême droite a rapidement mobilisé ses soutiens pour demander sa libération, tandis que le gouvernement français a adopté une position plus mesurée.
Le président Emmanuel Macron s’est déclaré « très préoccupé », tandis que Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a qualifié cette détention d’« inacceptable ». Cependant, les autorités françaises restent prudentes, dénonçant une arrestation « sans fondement » sans pour autant heurter frontalement Alger.
Le milieu littéraire algérien en émoi
La décision de maintenir Boualem Sansal en détention a également fait réagir le monde littéraire algérien. L’écrivain Kamel Daoud, autre figure de proue, a exprimé sa colère et son « humiliation » face à cette affaire. S’il dénonce une atteinte à la liberté d’expression, Daoud laisse également transparaître une lassitude face aux divisions politiques qui marquent l’Algérie.
Par ailleurs, Daoud se retrouve lui-même au cœur d’une controverse. Il est accusé d’avoir exploité, sans autorisation, l’histoire d’une rescapée de la décennie noire dans son roman Houris, ce qui a suscité une vive indignation.
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