Economie

Bruxelles : Saied pouvait et devait ramener beaucoup plus que des invitations

Bruxelles : Saied pouvait et devait ramener beaucoup plus que des invitations

Que retiendra-t-on de la grand-messe des dirigeants européens et africains (quelque 80 chefs d’Etat et de gouvernement) ? Et bien que le “Sommet qui change la donne” décrété par le président français, Emmanuel Macron, est bien parti. Reste maintenant à mettre sur la table les 150 milliards d’euros promis. Pour la Tunisie, on retiendra d’abord qu’elle a été invitée, ce qui n’était pas évident vu les bisbilles entre le chef de l’Etat tunisien, Kais Saied et ses soutiens européens. Rappelons que l’Ethiopie, dont le président a tout même reçu le prix de Nobel de la paix, n’a pas été conviée à la rencontre. Idem pour le Mali, le Burkina Faso et le Soudan. Pour le reste on retiendra que Saied a plutôt bien résisté aux assauts sur les “dérives dictatoriales. C’est à peu près tout. Le président de la République pouvait et devait mieux faire…

Une impréparation totale qui coûte cher

Le format choisi cette année – proposé par Macron dit-on – pour le Sommet entre l’Union européenne (UE)  et l’Union africaine (UA) est taillé pour éviter les discours-fleuves et stériles qui ne nourrissent pas les populations d’Afrique. Et c’est justement cette formule qui a permis à Kais Saied d’accrocher le chef de l’Etat autrichien à son tableau. Il a également invité le président nigérien. On suivra les développements de ces invitations. Mais si au moins ça a permis au président tunisien d’avoir une petite idée sur tout ce qu’il peut gagner en bougeant un peu, en prenant plus souvent son avion, c’est déjà ça !

Il a pu mesurer aussi tout ce qu’il aurait gagné s’il avait mieux préparé son voyage à Bruxelles. S’il avait fignolé ça des mois ou semaines à l’avance, en approchant par exemple les experts et hommes d’affaires au lieu de ces étranges rapports qu’il a avec eux, Saied aurait pu plus tirer profit du “Global Gateway” européen. S’il avait consulté et surtout écouté les bonnes personnes avant d’aller à Bruxelles, on lui aurait dit que sa tirade sur le pillage de l’Afrique par les colons et l’indispensable réparation est un combat d’arrière-garde, passéiste, une cause déjà défendue par d’illustres leaders africains mais qui a fait pschitt…

Cette posture de l’Afrique comme victime, tous les présidents africains l’ont abandonnée, préférant regarder ce qu’il y a dans l’assiette européenne ici et maintenant pour bâtir des lendemains meilleurs pour les Africains. C’est exactement ce qu’ils ont fait au Sommet de Bruxelles pour bien se positionner pour les 150 milliards d’euros du “Global Gateway”. C’est ce que Saied aurait dû faire, au lieu de gêner ses pairs africains et européens avec sa tirade digne de Feu le guide libyen Mouammar Kadhafi…

Il aurait dû faire comme son homologue gabonais

Le président du Gabon, Ali Bongo Odimba, qui est évidemment à Bruxelles, a posté ceci sur sa page Facebook ce 18 février : “Le Gabon a besoin de l’UE pour accélérer son développement. L’Union Européenne a besoin du Gabon pour préserver le climat et veiller à la stabilité en Afrique. Suite à mon entretien avec la présidente de la commission de l’Union Européenne Ursula Von Der Leyen, je suis encore plus confiant en l’avenir“. C’est exactement ça que Kais Saied aurait dû faire et dire pour que quelque chose de bon sorte de son voyage. Pour qu’à défaut d’obtenir tout de suite du concret il se mette au moins en pole position pour la suite, car le plan européen s’étalera sur 7 ans. Mais le président tunisien ne l’a pas fait…

Kais Saied, même à Bruxelles, a fait du Kais Saied. Il n’a pas pu sortir de sa posture guerrière, revancharde, il n’a pas pu s’empêcher de brandir son Afrique aux Africains”, une idée qu’il avait déjà dégainée à la maison. Mais le dire là-bas à la face des partenaires européens qui ont envie de regarder vers l’avenir, qui ont envie de tout sauf qu’on leur rappelle les odieux crimes de leurs ancêtres, il fallait oser. Saied a osé. Mais je ne suis pas certain que ça rende service à la Tunisie, avec l’idée que les Européens se font déjà du locataire du palais de Carthage

Il aurait dû avoir la sagesse du Gabonais Bongo, qui pourtant a beaucoup moins besoin que lui d’un coup de main européen avec ses ressources pétrolières et forestières. Mais semble-t-il le président tunisien, qui a dû préparer tout seul dans son coin ses saillies bruxelloises, a oublié à quel point son pays est mal en point et a urgemment besoin d’un secours. Il faut espérer que Bruxelles était un coup d’essai et que les coups de maître viendront. Il faut l’espérer…

 

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