Economie

Budget économique 2023 : Promesses caduques pour un saut de l’investissement

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Les efforts s’intensifieront au cours de l’année à venir pour stimuler davantage l’investissement et améliorer le climat des affaires, permettant un environnement d’investissement attractif et adapté pour attirer les investissements nationaux et étrangers, tout en portant l’effort d’investissement à des niveaux élevés qui répondent aux exigences de l’économie nationale, c’est ce qu’affirme le document du budget économique 2023 publié récemment par le ministère de l’économie et de la planification.

Promesses caduques

Le document ministériel promet, au fait, à l’instar de tous les documents du budget économique de l’après 2011 que la période à venir verra l’accélération du rythme des réformes visant à stimuler l’initiative privée et à libéraliser l’investissement d’une manière qui contribue à restaurer la confiance des investisseurs afin d’accroître la compétitivité de l’économie et d’établir les bases pour une croissance inclusive et durable.

Un programme de réforme du climat des affaires sera également approuvé, qui comprendra 120 mesures identifiées dans un cadre participatif avec le secteur privé et les structures publiques concernées.

Le ministère de l’économie oublie, à ce niveau, que la dynamisation de l’investissement n’est pas une simple affaire de prises de mesures mais plutôt un assainissement de fond du climat des affaires infesté par la corruption, l’hégémonie des rentiers et l’économie parallèle comme en témoigne les rapports de plusieurs organismes internationaux.

Mieux encore, on promet qu’une nouvelle stratégie sera adoptée pour promouvoir l’innovation dans le cadre de l’utilisation des compétences nationales et des capacités technologiques dont disposent les institutions et le système de recherche et de développement scientifique.

Il est important de rappeler, sous cet angle, que la Tunisie est devenue un cas type de fuite de compétences, leur marginalisation et de généralisation de la médiocratie pratiquement à tous les niveaux du pouvoir.

Chiffres biaisés

Le budget économique de l’an prochain indique que sur la base des perspectives et des opportunités disponibles résultant des réformes structurelles et des stratégies sectorielles qui stimulent l’investissement, en particulier les différentes mesures approuvées pour améliorer le climat des affaires, l’investissement devrait croître de 14,0% aux prix courants en 2023, portant le volume des investissements à 26731,5 millions de dinars (MD) soit équivalent à 16,5% du PIB. Les estimations reposent également sur la mobilisation d’environ 2962 MD pour les investissements directs étrangers, contre 2384 MD en 2022.

Ces estimations sont présentées sans précision de la méthodologie qui a permis leur arrêté sachant qu’ils correspondent en réalité à des simples intentions prévisionnelles complètement en contradiction avec les données de l’investissement divulguées par les instances internationales spécialisées. Les vrais rendez-vous de l’investissement en 2022 tels que la Ticad 8, le sommet de la francophonie, la COP 27 et le sommet sino-arabe en Arabie Saoudite étaient tout simplement ratés par les autorités tunisiennes.

La répartition sectorielle des investissements met en évidence, en particulier, d’après les chiffres officiels, l’évolution des investissements dans le secteur de l’agriculture et de la pêche de 20,9% en 2023, pour atteindre 1845 MD à prix courants en 2023, dont 54% seront réalisés par le secteur privé.

Une augmentation des investissements est attendue aussi dans le secteur des industries manufacturières, pour atteindre 3803,6 MD en 2023.

Les secteurs agricole et industriel sont, par ailleurs, gravement sinistrés et affectés par une crise sans précèdent due à la mauvaise gestion et à la destruction systématisée de leurs infrastructures vitales.

Contradictions à la pelle

Comble de la contradiction par rapport aux appels de libéralisation de l’initiative privée, le budget économique assure que l’accent sera mis en 2023 sur la « libéralisation de l’économie » en élaborant une liste exclusive de licences qui doivent être conservées pour l’exercice d’activités économiques, ce qui contribue à établir la transparence des procédures et à faciliter leur adoption par les opérateurs économiques, et la transition de l’étape de pré-contrôle à l’étape de post-contrôle.

On note aussi et avec insistance que dans le cadre de la consécration des règles de la concurrence loyale et de la consolidation du développement durable, les efforts porteront sur la consécration de l’accès au marché, l’élaboration des cadres législatifs, réglementaires et institutionnels de contrôle économique, le renforcement du dispositif législatif et réglementaire pour lutter contre les monopoles et la concurrence déloyale en plus de la mise en œuvre d’un plan de contrôle ciblant les évolutions du marché, et la numérisation des circuits de distribution des produits. No comment…

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek