Economie

Bulgarie : vagues de protestation contre l’adoption de l’euro en 2026

Plusieurs grandes villes de Bulgarie ont été le théâtre, samedi 31 mai 2025, de manifestations massives contre le projet gouvernemental d’adopter l’euro comme monnaie officielle à partir du 1er janvier 2026. Le mouvement, soutenu par trois partis d’opposition représentés au Parlement et de nombreuses ONG, reflète une montée de l’inquiétude populaire face à ce changement monétaire majeur.

Aucune estimation officielle n’a été communiquée, mais selon les organisateurs, près de 50 000 personnes se sont rassemblées à Sofia, sur la place située entre le Parlement, le gouvernement et la Banque centrale. Les protestataires ont ensuite défilé à travers les rues principales de la capitale, tentant sans succès de rejoindre le siège local de la Commission européenne, bloqué par un important dispositif policier.

Des rassemblements similaires ont eu lieu dans 134 villes, dont Varna, Plovdiv et Bourgas, avec des tentatives isolées de blocage d’axes routiers, rapidement déjouées par les forces de l’ordre. Plusieurs slogans appelaient à la démission du gouvernement, accusé de précipiter un processus sans consultation populaire ni transparence.

Une adhésion accélérée et contestée

Depuis sa prise de fonction en janvier dernier, la coalition gouvernementale bulgare a accéléré la procédure d’adhésion à la zone euro, déposant en février une demande conjointe auprès de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne pour la publication d’un rapport de convergence exceptionnel. Ce rapport, attendu dans les prochains jours, devrait selon plusieurs sources européennes, donner un feu vert à l’adhésion en 2026.

Toutefois, l’absence de campagne d’information claire à destination de la population alimente la méfiance. 59 % des citoyens se disent favorables à l’organisation d’un référendum, selon les derniers sondages. Le président Rumen Radev, l’un des principaux critiques du gouvernement, a publiquement soutenu cette initiative, rejetée par le Parlement. Une nouvelle mobilisation est prévue le 4 juin, jour de la présentation du rapport européen, avec pour objectif annoncé de perturber les travaux parlementaires.

Crainte d’un choc économique

Plus de 55 % des Bulgares se disent hostiles au calendrier d’adoption de l’euro, craignant notamment une hausse des prix et une accélération de l’inflation, dans un contexte déjà marqué par l’instabilité des marchés européens. La Bulgarie, qui affiche l’un des niveaux d’endettement les plus faibles de l’Union, redoute également un effet domino si la conjoncture économique de la zone euro se détériore davantage.

Des économistes et parlementaires mettent en garde contre un saut prématuré, soulignant que tous les critères de convergence n’ont pas encore été remplis. D’autres estiment au contraire que le passage à l’euro permettra de renforcer les échanges commerciaux, surtout que 70 % des exportations bulgares sont déjà tournées vers des pays de la zone euro.

Un choix aux implications géopolitiques

Au-delà de l’économie, l’enjeu est aussi politique. L’intégration à la zone euro serait, pour Sofia, le dernier jalon de son adhésion pleine et entière à l’Union européenne, après avoir rejoint l’UE en 2007. Mais certains observateurs y voient une décision avant tout géostratégique, motivée par la volonté de consolider l’ancrage occidental de la Bulgarie en pleine guerre en Ukraine, et de prévenir toute tentation future de réintégration dans la sphère d’influence russe.

Si le rapport attendu de Bruxelles est favorable, et en l’absence de consultation populaire, la Bulgarie pourrait donc devenir le 21e membre de la zone euro dès janvier 2026. Mais les tensions actuelles laissent présager un chemin semé d’embûches pour le gouvernement, à la veille d’un choix historique et potentiellement clivant.

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