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Burkina Faso : BBC et Voice of America suspendus pour avoir évoqué les centaines de civils tués par l’armée

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Le Burkina Faso verrouille, verrouille. Le régime putschiste piloté par le capitaine Ibrahima Traoré a réduit au silence les stations de radio BBC et Voice of America pour avoir fait leur boulot, ni plus ni moins : traiter un rapport de Human Rights Watch sur une tuerie de masse perpétrée par l’armée burkinabé, près de 223 victimes civiles dont 56 enfants tout de même…

La porte-parole du gouvernement, Tonssira Myrian Corine Sanou, a fait savoir hier jeudi 25 avril dans la soirée que les deux stations de radio seraient fermées durant deux semaines. Les autres médias subiraient le même sort si par malheur ils évoquaient ces exactions, a averti Mme Sanou. On en est là au Burkina Faso : Une omerta totale sur tous les sujets qui fâchent.

Ce n’est pas ainsi que le pays retrouvera le chemin de l’ordre constitutionnel, et encore moins des élections en bonne et due forme pour rendre le pouvoir aux civils. D’ailleurs le capitaine Traoré n’en parle même pas, le retour des militaires dans les casernes pour s’occuper exclusivement de la sécurité des Burkinabé est le cadet des soucis de la junte. Ils font tout sauf préparer la fin de la transition post-coup d’Etat. Mais le Burkina Faso n’est pas le seul, la junte malienne également muselle toutes les voix discordantes et se cramponne au pouvoir, idem pour la Guinée et le Niger.

D’après le rapport publié hier jeudi par Human Rights Watch l’armée a assassiné ces centaines de civils dans des villages au motif qu’ils ont collaboré avec les militants, juste pour ça. La vie des Burkinabé est aussi frêle que ça, mais ça personne ne doit le dire. Le rapport a été abondamment repris par la presse internationale, notamment Associated Press.

Mais pour Voice of America pas question de reculer devant la main de fer du régime : “VOA maintient ses reportages sur le Burkina Faso et a l’intention de continuer à couvrir pleinement et équitablement les activités dans le pays“, a asséné la chaîne dans un article de presse qui a annoncé sa suspension. Ça promet de belles empoignades entre les médias internationaux et les putschistes…

Mais le sort de ces pays dépend de leurs sociétés civiles, c’est à elles de forger le destin national. Leur silence vaudra consentement, et dans ce cas personne ne pourra dicter aux autorités leur cap. Le temps où la démocratie est parachutée en même temps que les bombes est révolue, l’Irak et la Libye sont passés par là. Personne ne fera le bonheur des Burkinabé, des Maliens, des Guinéens et des Nigériens à leur place.

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