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Ça sent le roussi chez Bouden, faut-il s’attendre au pire?

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Le constat est unanimement partagé : les principaux moteurs de l’économie tunisienne sont en panne, et pas depuis hier. Il faut le reconnaître, n’en déplaise à ceux qui veulent tout lui coller sur le dos, les choses n’ont pas commencé à se gâter quand le chef de l’Etat a mis la main sur tous les leviers du pouvoir le 25 juillet 2021. Par contre corriger au maximum la trajectoire de la Tunisie, avec de l’imagination et beaucoup de courage, ça c’est du ressort de Kais Saied. En tout cas c’est son sacerdoce. Mais c’est aussi celui de la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, étrangement silencieuse et absente, mise à part l’orchestration des défilés à la Kasbah…

Son destin sacrificiel était écrit

Le décrochage du pays a commencé dès le départ précipité de Ben Ali. Béji Caïd Essebsi, avec le brio que l’on sait, a limité la casse après le 11 janvier 2011. La situation a commencé à devenir incontrôlable dès que Ennahdha et ses alliés (dont Mohamed Abbou avec son Congrès Pour la République, lui et sa femme font tout pour gommer cette histoire mais les faits sont têtus) ont pris les rênes du pays. La question est maintenant de savoir ce que peut faire l’exécutif en place pour rectifier ce qui peut l’être avant l’irréparable, et on n’en est pas loin

De trois choses l’une : Soit on met des bâtons dans les roues de Bouden, pour l’empêcher d’avancer (et là il faut regarder du côté de son omniprésent et omnipotent mentor, Kais Saied) ; soit c’est le pays qui n’a pas les moyens matériels et humains d’avancer (faux en partie, puisqu’il y a des choses toutes simples que le gouvernement peut faire et qu’il ne fait pas) ; soit la locataire de la Kasbah n’est pas la femme qu’il faut à la place qu’il faut. Ça peut aussi être les trois explications à la fois. En tout cas vu d’ici quelque chose ne tourne pas rond dans la maison Bouden…

Manifestement cette dernière n’est pas bien dans ses pompes. Finira-t-elle par craquer, ployer sous le poids de l’énorme charge sur ses frêles épaules, abandonnée en rase campagne par un président de la République qui a d’autres urgences ? Faut-il se préparer à un autre séisme politique majeur, un de plus, un énième pour un pays qui a mangé tout son pain blanc depuis janvier 2011 et a usé les nerfs de ses partenaires et soutiens ? Il est permis de se poser ces questions…

Elle est officiellement la patronne et pourtant…

Très officiellement, l’artisane du redressement économique du pays c’est la cheffe de l’équipe gouvernementale. Pourtant elle est atone, amorphe et manque singulièrement de mordant sur les grandes affaires du pays. Alors que le travail ne manque pas !

Le tourisme est quasiment à l’arrêt, les visiteurs désertant le pays alors que les indicateurs du nouveau variant du Coronavirus en Tunisie sont nettement meilleurs qu’en France par exemple, et que pour un Français migrer vers la Tunisie en ce moment est beaucoup moins risqué que rester dans l’Hexagone. Mais voilà : Tunis ne fait rien pour vendre ça à l’étranger, pour se vendre. La diplomatie sanitaire doit aussi se mettre en branle ! Certes c’est du ressort des ministères de la Santé et du Tourisme, mais c’est avant tout la responsabilité de Bouden…

Que dire du climat de l’investissement, complètement délétère et que le gouvernement ne fait rien pour réanimer. Certes l’affaire n’est pas simple, l’ancien chef de gouvernement Youssef Chahed avait un tas de bonnes intentions, d’idées ; il avait même essayé de bousculer les lourdeurs administratives mortifères, de numériser l’administration, de pourfendre la bureaucratie… In fine il s’y était cassé les dents. Mais cela ne veut pas dire que Bouden ne doit rien tenter, qu’elle doit rester les bras croisés.

Le mois prochain il y aura une excellente initiative de l’OTE (Office des Tunisiens à l’Etranger) pour draguer les investisseurs dans la capitale de l’Union européenne (UE), Bruxelles. Mais cet événement n’est pas assez ébruité, promotionné et surtout c’est trop peu, il faut sans tarder beaucoup d’autres manifestations de ce type pour muscler l’économie tunisienne. C’est exactement ça qu’il faut faire : de la diplomatie économique effective et énergique !

Le phosphate, un des gros pourvoyeurs de devises sous Ben Ali, a perdu son lustre d’antan et ne le retrouvera peut-être jamais, lesté par des mouvements sociaux endémiques, des actes de sabotage parfois orchestrés par les employés eux-mêmes. Mais qui s’en soucie, qui ça empêche de dormir ? En tout cas pas la cheffe du gouvernement. Elle n’en parle jamais, s’en est lavée les mains. Même son ministre qui a directement la charge de ce dossier ne dit pas ce qu’il faut tenter pour réveiller le fleuron de l’économie tunisienne…

De toute évidence le statu quo ne peut plus durer. Najla Bouden devra faire mouvement, dans un sens ou un autre : Fendre enfin l’armure et prendre enfin le taureau de l’économie par les cornes ou tirer sa révérence. La Tunisie n’a plus les moyens de temporiser. La question est maintenant de savoir par quels voies et moyens Bouden va faire bouger ce pays ou bien par quelle porte elle va sortir…

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