Le Canada ne fait plus exception, ici aussi comme dans les autres pays avancés le débat sur l’immigration fait rage, crise économique, sociale et sociétale oblige. Au Canada aussi le sentiment anti-migrants monte, monte, du fait du chômage croissant des jeunes, de la crise du logement, etc. Alors depuis des mois les autorités serrent la vis sur les visas accordés aux travailleurs et étudiants étrangers, mais sans l’assumer publiquement, pas encore en tout cas. Ce que le Canada fait en catimini “The Guardian” le déballe.
L’enquête du journal britannique, qui reprend les données de Reuters, fait état de l’érosion sensible du nombre de visas touristiques, de travail et d’études accordés ces derniers mois. Le nombre de refus de visas a explosé ces derniers mois dit la même source. En janvier, février, mai et juin derniers le Canada a affiché plus de refus que d’approbations pour les demandes de visas touristiques.
En juillet 2024 quelque 6000 étrangers, dont des étudiants et des travailleurs, ont trouvé porte close, c’est le taux de refoulement le plus élevé depuis janvier 2019. Pourtant il n’y a encore aucun changement officiel de la politique nationale d’immigration. Certes la province francophone du Québec a fait une annonce dans ce sens en en août dernier et le gouvernement de Justin Trudeau a embrayé avec la réforme du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), mais officiellement la décision n’est pas encore appliquée.
Donc de toute évidence le gouvernement fédéral cache bien son jeu, dans un pays où l’immigration s’est imposée parmi les sujets phares des élections de 2025 pour lesquelles Trudeau est en très mauvaise posture, selon les sondages. Alors est-ce que le Premier ministre ira jusqu’à céder aux sirènes du populisme pour tenter de faire jeu égal avec son plus sérieux rival, le conservateur Pierre Poilievre ? On verra bien…
En tout cas publiquement Trudeau continue de “vendre” l’immigration comme un facteur de croissance économique, alors qu’à côté, sans le crier sur les toits, le gouvernement a déjà revu en profondeur la politique d’accueil. Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a assumé une réforme des permis de résidence permanente pour coller aux aspirations sociales. Comprenez par là la demande sociale croissante pour plus de parcimonie dans l’accueil des migrants.
Dans presque tous les sondages récents on perçoit nettement une mutation dans l’état d’esprit des Canadiens, avec une floraison du sentiment anti-migrants. Dans certaines parties du pays, notamment celles impactées par la crise du logement, des citoyens manifestent ostensiblement leur opposition à l’intégration de nouveaux immigrants. Les temps changent, “l’eldorado canadien” n’est plus, en tout plus pour tout le monde.
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