Amnesty International a publié ce lundi 21 octobre 2024 un rapport accablant sur les conditions de travail des migrants employés dans plusieurs magasins Carrefour en Arabie saoudite, gérés par son franchisé Majid Al Futtaim, basé à Dubaï.
Selon l’ONG, les travailleurs sont soumis à de graves abus, tels que des horaires excessifs et des conditions proches du travail forcé. Ces révélations ont suscité de vives réactions, mettant en lumière les failles dans la gestion des droits humains au sein des chaînes d’approvisionnement.
Des abus signalés dans les magasins Carrefour en Arabie saoudite
Le rapport d’Amnesty fait état de témoignages de 17 travailleurs migrants originaires du Népal, d’Inde et du Pakistan, employés dans des magasins et entrepôts Carrefour à Riyad, Jeddah et Dammam. Ces travailleurs affirment devoir travailler plus de 60 heures par semaine, en violation des lois saoudiennes, sans paiement des heures supplémentaires. Certains font état de « travail forcé » lors de leurs jours de congé.
Anand, un ancien employé d’un entrepôt interrogé par Amnesty, a dénoncé un traitement déshumanisant : « Dans les magasins Carrefour, les travailleurs ne sont pas traités comme des êtres humains. Les chefs nous poussent sans arrêt, nous agrippent par le T-shirt pour que nous travaillions plus vite. »
Carrefour et Majid Al Futtaim dans la tourmente
Majid Al Futtaim (MAF), partenaire franchisé historique de Carrefour au Moyen-Orient depuis 1995, gère près de 500 magasins dans 30 pays. L’entreprise basée à Dubaï gère près de 500 magasins sous enseigne Carrefour dans 30 pays du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique. Il a réalisé en 2023 34,5 milliards de dirhams (AED) de chiffre d’affaires (8,6 milliards d’euros) et 2,7 milliards d’AED de bénéfice net (674 millions d’euros), selon sa documentation financière. L’Arabie saoudite est, en termes de chiffre d’affaires, son plus gros marché en dehors de ses Emirats arabes unis d’origine.
Amnesty accuse les deux entreprises de ne pas avoir mis en place les contrôles nécessaires pour garantir le respect des droits humains par les sous-traitants employés sur leurs sites. Elle souligne que Carrefour et MAF ont « contribué et bénéficié » de ces abus.
Des engagements pris mais des questions en suspens
En réaction aux accusations, Carrefour a déclaré avoir demandé à son partenaire Majid Al Futtaim de mener des enquêtes internes dès mi-2024. Si ces premières investigations n’ont pas confirmé les abus dénoncés par Amnesty, elles ont révélé d’autres problèmes, notamment concernant les conditions de logement et le suivi des heures de travail. Des actions correctives ont été engagées.
Par ailleurs, Carrefour a mandaté un expert indépendant pour évaluer le respect des normes en matière de droits humains. Un audit est en cours de préparation.
Mathias Bolton, de l’organisation syndicale UNI Global Union, a exprimé sa profonde inquiétude face à « l’ampleur et la gravité des violations commises dans les opérations franchisées de Carrefour en Arabie saoudite ». Il a souligné de « graves manquements dans la surveillance » de ces sites, appelant à une révision urgente des procédures internes de l’entreprise.
Un impact sur l’image de Carrefour ?
Alors que Carrefour revendique un engagement fort pour le respect des droits humains tout au long de sa chaîne de valeur, cette affaire risque d’entacher la réputation du géant français de la grande distribution. Amnesty a exhorté les deux entreprises à prendre des mesures rapides et efficaces pour améliorer les conditions de vie et de travail des migrants employés sur leurs sites.
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