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Ce que ce regard terrible dit à Saied et Bouderbala, ce qu’il ne dit pas (Vidéo)

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Manifestement le président de la République, Kais Saied, prend goût à la tournée des cafés, nuitamment. Après sa virée mémorable dans un café de la cité El Intilaka et sa descente non moins épique dans une épicerie du coin – dont certainement le gérant se souvient encore -, le chef de l’Etat a remis ça hier mardi 10 janvier dans la soirée. Cette fois il s’est rendu à Bab Mnara et Bab Jedid

Saied a fait ce qu’il faisait avant que les électeurs l’installent au palais de Carthage. Mais là il est le chef de tout l’exécutif, donc responsable de fait de tout ce qui se fait ou ne se fait pas dans le pays, le peu qui marche comme tout ce qui dysfonctionne. Cela change drôlement la posture, et pas peu. D’ailleurs ça s’est senti dans la solennité de son ton, par moments détendu mais très souvent empreint d’une certaine martialité, d’un certain sérieux, d’une certaine rigidité…

Il n’est pas facile, même pour Saied, d’aller se frotter comme ça à des jeunes dont beaucoup sont désoeuvrés, ont les horizons bouchés et très souvent restent cloués sur les chaises des cafés que parce qu’ils n’ont pas trouvé le moyen de prendre le large, clandestinement, même au prix d’un danger mortel. Le président tente quand même le coup, pour tenter de mettre des étoiles dans les yeux de cette jeunesse que plus rien ne passionne, ne fait rêver à part tailler la route de la Méditerranée.

Le chef de l’Etat sait qu’en se rendant dans ces endroits il n’y trouvera que des jeunes désabusés et aigris, mais il se dit que s’il arrive à en convaincre au moins quelques uns ce sera presque du gâteau après face aux autres citoyens un peu mieux lotis. Mais à voir la tête du jeune qui était à la droite du président, légèrement derrière, ce n’est pas gagné…

A chaque sortie présidentielle sa star, la dernière fois c’était l’épicier, cette fois ce sera ce jeune qui regarde Saied avec un air qui en long sur la réception du laïus du chef de l’Etat. Les réseaux sociaux, comme à leur habitude, ont monté cette affaire en épingle. Ce jeune homme ne passera plus inaperçu, en tout cas dans les prochaines semaines… jusqu’à la prochaine virée présidentielle.

Brahim Bouderbala, ex-bâtonnier de l’Ordre des avocats et qui maintenant campe solidement dans le camp présidentiel, se prépare à entrer dans son habit de député et même peut-être, qui sait, dans son costard de “digne remplaçant” de Rached Ghannouchi au perchoir du Parlement. En attendant il fourbit ses armes, il apprend le métier quoi en marchant dans le sillage d’un certain Kais Saied. Bouderbala lui aussi a fait une virée dans un café de Radès Méliane…

Il a dit le 4 janvier dans une radio privée de la place qu’il a vu de près cette jeunesse qui a tourné le dos à la politique et n’est pas allée voter au premier tour non pas parce qu’elle a un problème avec le président mais avec l’état actuel de la société, avec tous les trains qui n’arrivent pas à l’heure. Le problème c’est que l’état actuel de la société c’est l’affaire de Saied et c’est lui qui l’a voulu ainsi en prenant toutes les rênes le 25 juillet 2021.

Donc ce n’est certainement pas avec des envolées lyriques et des incantations que le locataire du palais de Carthage s’en tirera ou convaincra les citoyens d’aller voter au deuxième tour, il faudra des résultats, du palpable, du concret, dans au moins un des grands chantiers que le président a défrichés.

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