Ce n’est un secret pour personne : Tous les voyants de l’économie tunisienne sont au rouge. Mais ce qui est le plus inquiétant c’est la mauvaise santé du moteur de l’économie, les PME (petites et moyennes entreprises). Quand le secteur qui pèse plus de 95% dans le tissu entrepreneurial et plus de 80% dans l’économie nationale va mal on ne peut pas mettre ça sous le tapis et regarder ailleurs. Pourtant c’est exactement ce que font les autorités…
A cause d’une chute drastique de la demande intérieure et extérieure les carnets de commande des entreprises se dégarnissent. La conséquence immédiate est une tension au niveau de la trésorerie, durement ressentie par les plus faibles, les PME. A côté vous avez une impossibilité pratique de contracter des prêts auprès des banques pour s’oxygéner. De toute façon le TMM (Taux moyen du Marché Monétaire) appliqué depuis décembre 2022 est hautement dissuasif.
Résultats des courses : Presque toutes les PME sont dans le rouge, avec des Agios qui s’abattent sur elles comme si les banques n’avaient pas entendu parler de la crise. Un paradoxe bien tunisien dans toute sa splendeur : Les banques se portent comme un charme alors que l’économie se meurt. Endettées, dans le rouge mais pourtant désireuses de garder leurs emplois les PME tirent le diable par la queue.
D’après l’INS (les statistiques remontent à 2018, avant la crise du Coronavirus) les valeurs ajoutées des PME contribuent à hauteur de 50% au PIB tunisien et fournissent plus de 70% des emplois du secteur privé. Ce n’est pas rien tout de même ! Le sort de ces entreprises qui font tourner le pays et donnent du boulot aux citoyens devrait être une priorité pour le ministre de l’Emploi. Et pourtant NON. Manifestement ça n’intéresse pas non plus le ministre des Affaires sociales.
Dans le même temps le bâton fiscal s’abat comme jamais, sans parler des cotisations CNSS. Pas de répit pour les PME, on ponctionne à tour de bras au risque d’achever les malades. Pourtant tout le monde sait que des entreprises qui vont bien c’est plus d’impôts pour les sociétés, et donc plus de recettes pour les caisses publiques, de l’argent qu’on trouverait ici et pas à des milliers de kilomètres, à Washington, avec les souffrances et conditions que l’on sait…
Pourquoi la ministre des Finances, Sihem Nemsia, n’en fait pas une priorité absolue ? Mystère. Pourquoi le patron de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, n’en fait pas une urgence absolue ? Allez savoir.
Pourtant il y a des choses simples à faire et qui se font dans tous les pays dignes de ce nom en temps de crise, et ça marche à tous les coups : Alléger la pression fiscale et les charges sociales pour permettre aux entreprises de se requinquer. Ça permet aux entreprises de se remettre à flot et surtout de ne pas licencier.
Aider les entreprises à faire face aux charges fixes – surtout les salaires, qui pèsent très lourd – c’est le minimum que puissent faire les autorités. C’est le minimum syndical en temps de crise. Mais même ça nos gouvernants ne le font pas. Et même quand le coup de main vient de l’extérieur, comme les 120 millions de dollars décaissés par la Banque mondiale, on ne fait rien pour accélérer les procédures administratives.
De la célérité des autorités pour perfuser les entreprises dépendent leur survie, celle des emplois, l’avenir de tout un pays. Mais les autorités, semble-t-il, ne perçoivent pas de la même manière cette réalité qui s’impose à tous, sans même avoir besoin des lumières des experts.
Que font nos gouvernants à la place ? Ils parcourent tous ces kilomètres pour toucher un paquet – le 1,9 milliard de dollars du FMI – qui de toute façon ne suffira pas à régler les problèmes du pays. Une déperdition d’énergie qui nous détourne de l’essentiel : Tout ce que nous pouvons et devons faire ici et maintenant et qui ne dépend que de notre bonne volonté…
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