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C’est plus grave que ça, beaucoup plus…

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Tous les parents dignes de ce nom ont été choqués, outrés, révoltés par les images terribles de ces gamins de 9 ans qui brandissent dans un vidéo-clip des armes blanches qu’ils pouvaient à peine soulever. Comment on en est arrivé là ?

C’est la question qu’il faut se poser dans une société où l’étonnement est de moins en moins de mise tant les transgressions s’enchaînent à la vitesse du vent. C’est surtout la question qu’il faut poser aux promoteurs de ce clip, et très certainement les services de police et les services sociaux le feront, pour les parents de ces mômes également. Mais il y a tout le reste dont on parle peu et qui est beaucoup plus terrifiant. C’est peut-être pour ça d’ailleurs qu’on en parle peu…

Ces images sont la résultante du déferlement de violence sans précédent sur les réseaux sociaux et que nos gosses prennent en pleine face alors qu’ils n’y sont absolument pas préparés. Si les parents eux-mêmes ne sont pas préparés à la bourrasque de la dite Révolution numérique que dire de leur progéniture. Donc c’est un fait : Nous sommes tous complètement dépassés par les événements.

On voit bien que les gamins dans ce clip ne sont pas l’aise, qu’ils sont même maladroits, que la violence réelle n’est pas leur univers, qu’ils jouent et surjouent un rôle, mais par contre la violence virtuelle fait sens pour eux, ils la connaissent très bien. Autrement on n’aurait pas pu leur faire porter ces armes. Et puis il y a la vraie violence que vivent au quotidien les autres petits de leur âge et même moins, dans moult quartiers du pays et pas que les populaires. Une autre source de préoccupation.

Est-il possible de faire machine-arrière pour revenir – même un tout petit peu – dans le monde des “bisounours” où nos petits étaient des anges, sages comme des images, mignons à croquer ? Rien n’est moins sûr. On est peut-être déjà allé trop loin, on a peut-être perdu la main, la société a peut-être perdu la bataille. Ce qui était au départ un repli volontaire de la part des parents, car ne percevant pas la gravité de la chose au début, a fini par s’imposer à nous, comme un monstre hors de contrôle.

Alors que ceux qui sont en grande partie responsables de cette affaire – des Américains -, ceux qui ont inventé tous ces jeux, applications et contenus divers se sont bâtis à côté des sanctuaires dans des écoles où leurs enfants sont privés d’écran. Que du contenu didactique, surtout le bon vieux livre inoffensif ou à la limite des ordinateurs sans connexion. Eux ils protègent leurs rejetons des ravages de leurs inventions mais continuent de nous fourguer leur poison. En même temps personne n’a obligé personne à acheter. Si c’était aussi simple dans la réalité…

On vous disait que “Fallujah” et compagnie n’étaient pas nos vrais problèmes, on en a la démonstration avec les images de ce vidéo-clip qui feraient presque passer Sami Fehri pour un doux agneau. Les temps ont changé. Le progrès technique et ses dégâts vont plus vite que la conscience collective, que notre capacité à garder le contrôle, à légiférer.

Avant de réfléchir à la dangerosité du produit qu’on crée il s’est déjà solidement ancré dans nos vies, drainé par des enjeux financiers qui trop souvent dictent leur loi. De ce point de vue les ravages de l’intelligence artificielle deviennent un cas d’école. De toute évidence nous n’avons pas fini de nous plaindre de nos créations, au contraire ça ne fait que commencer avec l’irruption de la 5G, la 6G, etc.

 

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Publié par
Souleymane Loum