Economie

Chiffres officiels : l’investissement agricole à son plus bas niveau depuis cinq ans

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Le bulletin statistique sur l’investissement agricole privé à fin mai écoulé publié récemment par l’Agence de Promotion des Investissements Agricoles (APIA), révèle qu’au cours des cinq premiers mois de 2022, 2791 opérations d’investissement d’une valeur de 536.4 millions de dinars (MD) ont été déclarées contre 3117 déclarations d’une valeur de 607.8 MD durant la même période en 2021, enregistrant ainsi une baisse de 10.5 % en nombre et de 11.7 % en valeur. Par rapport au plan de développement 2016-2020, les déclarations ont connu une baisse de 18.1 % en nombre et de 7.7 % en valeur.

Toujours par rapport au plan de développement, les investissements agricoles privés approuvés (233.2 MD) ont enregistré une baisse de 30.4 % en nombre et de 16.1 % en valeur. L’investissement agricole privé est alors à son plus bas niveau depuis cinq ans. Celui-ci ne permettra que la création de 1297 emplois permanents.

En outre et selon les chiffres de l’APIA, les investissements approuvés ont bénéficié fin mai 2022 de subventions d’un montant s’élevant à seulement 61.6 MD, ce qui représente 26.4 % du volume d’investissement approuvé alors que les comités d’octroi d’avantages ont approuvé 11 prêts fonciers d’une valeur de 1.7 MD. Ces prêts permettront l’intégration de 106 hectares de terres dans le cycle économique.

Il est à noter que d’après un rapport de synthèse sur l’agriculture en Tunisie élaboré en 2019 dans le cadre du programme d’appui « ENPRAD – Programme du voisinage européen pour l’agriculture et le développement rural » financée par l’Union Européenne, la part des investissements dans le secteur de l’agriculture et de la pêche en Tunisie représente près de 7% de l’ensemble des investissements publiques et privés depuis 2010.

Le rapport révèle que la répartition des investissements par type d’intervenants montre une stagnation de l’investissement agricole privé. Les investissements sont consacrés, principalement, à l’acquisition de matériel agricole et à l’exécution de projets dans l’élevage et de l’arboriculture.

Cette stagnation des investissements privés semble liée aux contraintes structurelles (la situation foncière des exploitations) et conjoncturelles (coût élevé à l’importation), aux rigidités caractérisant le processus d’octroi des crédits bancaires, aux coûts du capital et du travail. Les entrepreneurs privés sont également confrontés à des problèmes d’insécurité qui impactent négativement l’investissement dans le secteur agricole (vol de bétail et détérioration du matériel destiné à l’irrigation).  

Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) dans le secteur de l’agriculture restent volatiles et très limités.

On évoque souvent l’aspect stratégique du secteur et son rôle primordial pour préserver l’équilibre de la balance alimentaire nationale. Mais lorsqu’il s’agît de financement, il est clair d’après les chiffres officiels que les banques sont réticentes en raison, selon la logique bancaire conventionnelle, des risques que cours ce secteur dépendant des aléas climatiques et autres et jugé peu rentable.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek