Alors que tous les pays développés de la planète font mouvement vers plus de liberté, plus d’autonomie, plus d’épanouissement individuel la deuxième puissance économique de la planète, la Chine, nage à contre-courant et serre, toujours plus. Un réflexe surréaliste aux allures d’autodestruction dont la seule logique est de ne pas aller dans le même sens que les nations occidentales minées de l’intérieur par les excès de la modernité. Enfin, ça c’est ce que croient et véhiculent les autorités chinoises. Pékin travaille actuellement sur un projet de loi qui bannira les discours, attitudes ou tenues vestimentaires «qui nuisent à l’âme du peuple chinois». Il est tellement sévère qu’à côté l’interdiction de l’abaya en France est du menu fretin…
D’après Bloomberg le document, publié il y a peu par le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire et qui est classé prioritaire pour cette année, cause beaucoup de remous dans le pays, surtout à cause de son caractère très vague qui permet aux autorités de mettre ce qu’elles veulent sur le dos des citoyens. On ne sait pas précisément ce que signifie «nuire à l’âme du peuple chinois» ou «blesser le peuple chinois», ce qu’on sait c’est que les dits coupables écoperont d’une amende pouvant monter jusqu’à 5 000 yuans (637 €) ou d’une peine de prison maximale de 15 jours.
Même tarif pour ceux qui écriraient ou diffuseraient des articles ou tiendraient des discours qui «nuiraient (…) au peuple chinois». Il est aussi strictement interdit «d’insulter, de diffamer, ou de porter atteinte aux noms des héros locaux et des martyres».
Comme on pouvait s’y attendre ce projet de loi enflamme les réseaux sociaux chinois, les internautes pointent un texte radical et ambigu. Sur Weibo, le Twitter chinois, un citoyen se demande si «porter un costume-cravate compte ? Le Marxisme vient de l’Occident. Est-ce que sa présence en Chine est considérée comme pouvant blesser la nation ?», rapporte la BBC.
D’après The Independent un autre usager du réseau a dit ceci : «L’âme de la nation chinoise ne devrait-elle pas être forte et résiliente ? Pourquoi peut-elle être facilement entachée par une tenue ?».
Zhao Hong, une professeure à l’université chinoise de science politique et de droit, a pointé les dérapages en vue avec un tel arsenal législatif ; elle a écrit : «Qu’est qu’il se passe si la personne qui exécute la loi, le plus souvent un policier, a une interprétation personnelle de ce qui blesse, et forme des jugements moraux qui dépassent le cadre de la loi ?».
Et la chose est déjà dans le quotidien des Chinois. L’an dernier, dans la ville de Suzhou, une femme a été cueillie par les policiers parce qu’elle portait un kimono. Elle a été accusée de «chercher le conflit et de provoquer des problèmes» en arborant l’accoutrement traditionnel du Japon, un ennemi historique de la Chine…
En 2023 une autre femme a été arrêtée pour avoir enfilé une tenue militaire japonaise. Pas plus tard que le mois dernier des personnes qui avaient les couleurs de l’arc-en-ciel LGBTQ+ sur leurs vêtements ont été refoulées à un concert à Pékin. Des interdictions en série qui s’accélèrent depuis que Xi Jinping a pris les rênes du pays en 2012. Il a verrouillé encore plus en octobre 2022 en plaçant ses hommes de confiance dans tous les rouages du tout-puissant Parti communiste, qui règne sur tout et tout le monde.
Ainsi va la Chine. Les progrès techniques et scientifiques fulgurants, notamment les prouesses numériques, font qu’il est impossible de brider les libertés individuelles. Mais Pékin s’acharne à tout régir, jusqu’à la déraison et au loufoque. Comme par exemple le fait d’avoir des ambitions dans l’intelligence artificielle tout en créant des avatars qui ne répondent à aucune question sur la politique. C’est comme tenter d’arrêter la mer avec ses bras, c’est impossible !
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires