Economie

Choquant : 52,5% de la population active est exclue du marché de travail

Choquant : 52,5% de la population active est exclue du marché de travail

La Tunisie occupait en 2018 la première place parmi les pays d’Afrique du Nord et Moyen-Orient en matière d’engagement à la réduction des inégalités, et ce, selon l’indice élaboré par Oxfam et Development Finance International (DFI).

Malgré ce bon classement relatif, le pays reste confronté à des inégalités profondes qui traversent l’ensemble de la société et alimentent des clivages toujours plus importants entre les régions, les personnes selon leur richesse et revenu, et les genres. Ainsi et après presque dix ans de transition démocratique, ces inégalités ne se sont pas résorbées et ont même continué de s’accentuer sous l’influence des politiques d’austérité encouragées par les institutions financières internationales. Si de nombreux acquis ont pu être obtenus sur le plan des libertés publiques et de l’Etat de droit, les enjeux de justice sociale sont restés à la traîne.

Sous cet angle critique, le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES) a présenté au début de cette semaine une étude intitulée « Les inégalités en Tunisie ».

L’étude est considérée comme d’actualité en raison de la hausse des inégalités, constatée partout dans le monde depuis les années 1980, de la montée des mouvements sociopolitiques et des soulèvements populaires dans nombre de pays dont la Tunisie.

Après la présentation succincte de quelques considérations philosophiques se rapportant à la justice et l’inégalité, et les débats relatifs aux inégalités et à leur évolution dans le monde, l’étude a essayé de dresser un tableau de la situation et de son évolution en Tunisie… L’étude a mis en relief les inégalités de revenus, la richesse des ménages et les inégalités de genre.

Si les inégalités de revenus, appréhendées à travers les dépenses des ménages semblent, selon les différents indicateurs, avoir régressé, les inégalités de genre, semblent persister sinon s’aggraver au cours des dernières années. L’insuffisance de la participation des femmes dans la vie active et dans la vie publique et politique contraste avec les avancées réalisées par les femmes tunisiennes, notamment au niveau de l’enseignement supérieur.

Il a été particulièrement relevé que les inégalités et de la pauvreté ont reculé mais les disparités régionales persistent. Les inégalités intrarégionales sont plus élevées dans les plus grandes villes Les inégalités de revenus du travail ont considérablement augmenté dans le secteur privé. La concentration de la propriété agricole persiste encore et les ménages pauvres ont de grandes difficultés pour accéder au logement décent et au patrimoine foncier.

Le crédit bancaire est concentré auprès d’une minorité d’entreprises. La Tunisie occupe le 20ème rang mondial, parmi les pays de plus de 10 millions d’habitants, dans le classement du patrimoine médian par habitant qui s’élève à 8823$. La Tunisie connait un véritable paradoxe ; c’est un pays riche en patrimoine et pauvre en revenu.

De fortes inégalités de genre aux plans du taux d’activité et du chômage. Le taux d’activité de 47,5% est faible, (72.2% dans l’UE) ceci veut dire que 52.5% de la population active en Tunisie est exclue du marché du travail.

Le taux d’activité des femmes est de 26,8% pour 68.8% en ce qui concerne les hommes. Le taux de chômage au troisième trimestre 2021 s’est élevé à 18.4% et reste très élevé avec des disparités régionales et de genre, (Hommes : 15.9% – Femmes : 24.1%). Le chômage des jeunes et des diplômés constitue une nouvelle facette des inégalités.

Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans atteint 40.8% ; Celui des diplômés du supérieur se situe à 30.1% en 2020 (F : 40,7% H : 17,6%). Sur le plan des salaires minimums : Une tendance à la baisse réelle du SMIG. Les inégalités des salaires H/F sont persistantes et apparaissent au niveau du salaire moyen. Les femmes gagnent un salaire inférieur de 35,5%.

Concernant la rémunération capital/travail, le déséquilibre est structurel et se creuse davantage avec une part des profi­ts dans le PIB qui dépasse celle de la rémunération des salariés ; l’écart est de 13,7 points.

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