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Consultation nationale : Taboubi fera-t-il payer à Saied le “crime de lèse-UGTT”?

Consultation nationale : Taboubi fera-t-il payer à Saied le “crime de lèse-UGTT”?

La Consultation nationale, à la sauce électronique, est la grande affaire politique du chef de l’Etat, Kais Saied, cette année. Et pour cause : C’est par ce biais que le président de la République va refondre toutes les institutions du pays. Ses adversaires lui prêtent bien d’autres desseins : Renforcer ses pouvoirs à travers un régime présidentiel fort (certains crient déjà à l’autocratie, à la dictature mais Kais Saied n’en a cure), réduire le Parlement au rôle de chambre d’enregistrement (c’était le cas dans un passé pas si lointain). Tout cela n’empêche pas le locataire du palais de Carthage de foncer. Enfin jusque-là car l’UGTT pourrait très vite être ce grain de sable qui viendrait bloquer toute la machine…

La centrale syndicale a un compte à régler avec le chef de l’Etat, et ça date de la toute première sortie de ce dernier sur son Dialogue national “new look“. Kais Saied, pour justifier sa trouvaille – une Consultation nationale où il trierait personnellement les participants – avait jeté le discrédit sur le Dialogue national de 2013 impulsé par l’UGTT et qui lui avait valu le Prix nobel de la paix. En qualifiant cette affaire de surannée, mal fagotée et inefficace in fine, Saied avait offensé profondément le secrétaire général de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi et surtout son prédécesseur, Houcine Abassi. Ce n’était peut-être pas l’intention du président de la République mais le mal est fait…

L’homme fort du pays – depuis le 25 juillet 2021 – a corsé son addition en écartant l’UGTT dans son projet, de bout en bout. A aucun moment il n’a consulté Taboubi – d’ailleurs il n’a consulté aucun acteur national – sur le contenu de la Consultation nationale, alors que comme le dit bien son nom ce dossier engage la nation toute entière. Et l’UGTT n’aime pas qu’on parle des sujets nationaux sans qu’elle ait son mot à dire. C’est ainsi depuis le départ précipité de Ben Ali et la centrale syndicale se battra avec toutes ses armes pour garder sa place centrale dans la Tunisie post-révolutionnaire…

De la même manière que l’UGTT a formellement rejeté le plan de relance et de réformes remis au FMI, au motif qu’elle n’a pas été associée à son élaboration (bon, il y a d’autres raisons inavouées), Taboubi et compagnie, après les dernières réserves exprimées publiquement, pourraient très bien appeler à voter contre les propositions faites par le chef de l’Etat dans sa Consultation nationale. Reste à savoir comment les partenaires étrangers avaliseraient un projet de cette ampleur si la principale organisation du pays ne le cautionnent pas, ou pire le combattent.

Les mêmes partenaires exigent que tout le monde, à commencer par les organisations phares, soit associé au chantier politique et institutionnel. Le moins qu’on puisse dire est que l’affaire de Kais Saied est assez mal embarquée, même s’il se garde de le crier sur les toits pour donner l’impression qu’il maîtrise parfaitement la situation. Il faudra y ajouter le fait que le chef de l’Etat n’a pas réglé son vieux contentieux avec l’UGTT, bien d’autres sujets – économiques et sociaux – l’ont occulté. Mais l’explication incontournable avec Taboubi pourrait rattraper le président de la République beaucoup plus tôt que prévu…

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