Economie

COP27 : A l’heure du militantisme existentiel, la Tunisie inscrite hors de l’histoire

Partager

Depuis 1992, les représentants de 198 pays ainsi que des acteurs de la société civile se réunissent annuellement pour la Conférence des Parties (COP). Lors de l’édition de cette année, qui se tient du 6 au 18 novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte, le financement de la lutte contre le réchauffement climatique dans les pays en développement sera l’axe fondamental.

La COP27 qui s’est officiellement ouverte dimanche dernier à Charm el-Cheikh en Egypte tente de donner un nouveau souffle à la lutte contre le réchauffement climatique et ses impacts.

Défis multiples

La 27e conférence de l’ONU sur le climat (COP27), rassemblera quelque 200 pays pour deux semaines, dans le but de sauver de vastes zones du monde frappée par les catastrophes et les répercussions de plus en plus intenses du changement climatiques.

Sameh Chokri, le ministre égyptien des affaires étrangères qui préside la COP27 a assuré à son ouverture que la conférence doit poser les jalons pour une action climatique plus rapide et plus courageuse, maintenant et pendant cette décennie qui décidera si le combat pour le climat est gagné ou perdu. Les émissions de gaz à effet de serre doivent en effet baisser de 45% d’ici 2030 pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris.

Mais les engagements actuels des Etats signataires, s’ils étaient enfin respectés, entraîneraient une hausse de 5 à 10%, mettant le monde sur une trajectoire au mieux de 2,4 °C d’ici la fin du siècle, indiquent les spécialistes.

Loin de respecter l’objectif principal de l’accord de Paris de moins de 2 °C par rapport à l’époque où les humains ont commencé à brûler à grande échelle les énergies fossiles (charbon, pétrole ou gaz) responsables du réchauffement. Avec les politiques menées actuellement, c’est même un scénario catastrophique qui se profile à +2,8 °C, affirment-t-on les spécialistes.

Lutte contre le changement climatique : La Tunisie inscrite hors de l’histoire

Une étude intitulée « Les impacts économiques du changement climatique en Tunisie : risques et opportunités » publiée fin janvier dernier et menée sous les auspices du programme North Africa technical Assistance facility (NATAF) par Vivi Economics a montré que le changement climatique se fait déjà sentir dans l’économie tunisienne et constitue un défi majeur pour l’avenir de la Tunisie et des Tunisiens.

Trois secteurs critiques de l’économie tunisienne sont particulièrement vulnérables au changement climatique : l’agriculture, la pêche et le tourisme, assure-t-on.

Ainsi, au niveau du secteur agricole, la production d’olives et d’huile d’olive sera affectée par la disponibilité de l’eau et l’augmentation du nombre de jours chauds. C’est l’un des principaux effets du climat sur les agriculteurs, qui pourrait entraîner des pertes d’exportation annuelles de l’ordre de 228 millions de dollars d’ici 2100.

La production céréalière sera sévèrement touchée avec des réductions estimées à 30 – 50% de la contribution au PIB agricole d’ici 2100 et 30% de pertes d’emplois d’ici 2050. Cela mettra davantage en péril l’autosuffisance et augmentera la dépendance à l’égard des importations.

La cheffe du gouvernement, Najla Bouden, participe au Sommet du climat, Cop 27, accompagnée d’une délégation, comptant Samir Saïed, Neïla Nouira Gongi, et Leïla Chikhaoui, respectivement, ministre de l’Economie et de la Planification, ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie et ministre de l’Environnement.

Bouden mènera, en marge de la COP 27, des entretiens bilatéraux avec des chefs de délégation, outre sa participation à des conférences parallèles, dont le deuxième sommet de « l’initiative du Moyen-Orient vert », de l’Arabie saoudite.

Toutefois, les autorités tunisiennes tardent encore à mettre en œuvre une politique efficiente pour atténuer les effets des changements climatiques et ce, certes faute de moyens mais surtout en l’absence de volonté et de compétences pour le faire.

Sans stratégie et contemplative, la Tunisie est inscrite, ainsi et à l’heure du militantisme existentiel contre le changement climatique, hors de l’histoire.

Au fait, les autorités n’arrivent même pas à prendre acte de l’ensemble des changements qui affectent l’environnement afin de réagir face au changement climatique et adapter leurs capacités.

Pour rappel, lors de la conférence ministérielle de la COP26 à Glasgow (Ecosse), la délégation tunisienne conduite par la ministre de l’Environnement, Leïla Chikhaoui, a indiqué que le pays a mis à jour sa contribution nationale au cours de l’année 2021, et a augmenté ses ambitions à travers la réduction de l’intensité carbone à 45 % en 2030 par rapport à 2010, et ce en comptant essentiellement sur ses propres moyens. Ces moyens lui manquent malheureusement cruellement.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek