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COP28-L’ONG One a enquêté : Qui a mangé les 115 milliards de dollars dédiés à la Tunisie et aux autres?

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Avant même l’ouverture de la Conférence mondiale sur le climat – COP28 -, ce jeudi 15 novembre à Dubaï, la polémique enfle déjà sur le pactole de 115 milliards de dollars (104,6 milliards d’euros) qui «a été dépensé pour des choses qui n’ont que peu ou pas de rapport avec le climat». La Tunisie, une pléthore d’autres pays d’Afrique et d’ailleurs qui souffrent le plus du réchauffement climatique alors qu’ils polluent le moins aimeraient bien avoir des indications sur qui a aspiré ces sommes colossales et pour quoi…

Aux Emirats arabes unis les promesses seront au rendez-vous, comme lors des précédentes grands-messes sur les changements climatiques. On parle de la mise en place d’un cadre pour le nouveau fonds des Nations unies dédié à l’aide des pays sous-développés, unanimement reconnus comme les premières victimes du dérèglement climatique. Mais voilà, ils courent depuis presque 14 ans derrière les milliards promis.

La COP27 avait fini en eau de boudin, aucune décision concrète et la grande rencontre organisée en juin 2023 par le président français Emmanuel Macron n’a guère fait mieux. La dernière fois que le monde s’est penché sur le climat c’était en septembre dernier, en Afrique, au Kenya. Mise à part la grande annonce émiratie – on attend sa concrétisation – il n’y a rien de consistant à se mettre sous la dent. Alors quand une étude de l’ONG ONE met un grand coup de pied dans la nébuleuse des financements que les pays riches et les institutions internationales octroient aux nations pauvres forcément ça intéresse…

D’abord un constat : les pays nantis gonflent «largement» le volume de leurs contributions aux financements climatiques dédiés aux plus faibles, dit cette enquête publiée ce jeudi. Elle établit un trou de plus de 340 milliards de dollars par rapport aux engagements initiaux, indique clairement une nouvelle base de données dénommée «Climate Finance Files».

D’après ce document près de deux tiers des engagements de financements climatiques recensés par l’OCDE entre 2013 et 2021 «n’ont jamais été déclarés comme décaissés» ou «n’étaient pas ou peu liés au climat», sur un montant «stupéfiant» de 343 milliards de dollars (312 milliards d’euros). L’ONG dit par ailleurs que «plus d’un dollar sur cinq» des engagements financiers sur cette période, soit 115 milliards de dollars (104,6 milliards d’euros), «a été dépensé pour des choses qui n’ont que peu ou pas de rapport avec le climat».

Le même rapport indique qu’en 2021 les 20 pays les plus impactés par le changement climatique «n’ont reçu que 6,5% des financements» qu’il leur faut annuellement pour combattre les effets du changement climatique. A titre d’exemple le Nigéria n’a pas encaissé 76% des fonds qui lui avaient été promis entre 2013 et 2021, idem pour le Sénégal (66%) ou le Kenya (52%).

Les Climate Finance Files pointent les «lacunes» et le «manque de transparence» dans le suivi des financements climatiques, ajoute ONE. Selon l’ONG les données sur les contributions financières des gouvernements et institutions sont «incomplètes» et «imprécises». Ces informations – utilisées par l’OCDE et l’ONU – «ne sont absolument pas fiables» du fait de «l’absence de règles et de méthodologies communes» pour le suivi des financements climatiques, affirme la même source…

Elle donne l’exemple du Japon, qui prend en compte le «financement d’une centrale à charbon» dans ses financements climatiques ; même pratique aux USA pour la «promotion de l’utilisation du gaz naturel» ou encore en Italie pour l’achat des «équipements de la police».

Dans un communiqué l’ONG a invité les pays riches à «respecter leurs engagements historiques» en matière de financement climatique, «y compris à atteindre réellement les 100 milliards de dollars annuels» qu’on a criés sur les toits en 2020, suite à une promesse que les pays développés ont faite depuis 2009.

 

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