En général quand on parle de la Corée du Nord c’est pour évoquer ses tirs intempestifs de missiles balistiques, la menace nucléaire qu’il fait peser sur ses voisins et le monde, les dirigeants exécutés pour leurs manquements, les trains blindés de Kim Jong Un, les ballons de déchets que Pyongyang balance vers la Corée du Sud ou encore les soldats nord-coréens qui servent de chair à canon sur le théâtre de guerre russe. Le leader nord-coréen range tout ça dans les armoires – mais ça ressortira – pour dégainer un méga projet stupéfiant à bien des égards : Un nouveau complexe hôtelier niché au bord de la mer…
Le tourisme de luxe pour ouvrir le pays le plus fermé du monde et faire autre chose que l’économie de guerre, c’est la bonne résolution de Kim Jong Un pour 2025. Le virage a été officialisé ce mardi 31 décembre par les médias d’État, après une visite d’étape du leader nord-coréen. Il a donné le la de la “première grosse étape” pour une potentielle réouverture de son pays, à grande échelle. Il est question de cheminer vers le développement du tourisme, rapporte l’agence de presse nord-coréenne (KCNA).
Kim Jong Un a fait part de sa “grande satisfaction” en constatant que les installations sont déjà en place. “Elles pourront donc être utilisées pour accueillir d’importants événements externes, politiques et culturel de l’État“, souligne KCNA. Comme quoi le tout-puissant État n’est jamais loin, le rêve a ses milites. A noter que le leader nord-coréen a visité les infrastructures en compagnie de sa fille Kim Ju Ae, qu’on voit de plus en plus en public, sans doute pour imprimer dans les têtes qu’elle succédera à son papa, comme ce dernier l’a fait avec son père, et ce dernier avec son papa…
Les médias d’État dépeignent leur leader “se régalant les yeux d’un sourire éclatant“. Des images mises en ligne par KCNA le montrent lui et sa fille marchant le long de la mer ou flânant entre une nuée d’hôtels déserts. Kim Jong Un avait manifesté un gros appétit pour l’industrie touristique dans les premières années de son règne mais son côté belliqueux a vite pris le dessus.
Le pays a rouvert un peu ses portes en août 2023 après presque 4 ans de bouclage total des frontières pour cause de pandémie de Covid-19, même les ressortissants nord-coréens avaient interdiction de rentrer au bercail. Rien ne passait. Les premiers étrangers qui ont foulé le sol nord-coréen depuis la fin des restrictions étaient un groupe d’une centaine de touristes russes, ils ont atterri à Pyongyang et dans une station de ski près de Wonsan en février 2023…
Normal me direz-vous vu la qualité des liens entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue nord-coréen, surtout depuis que le premier a envahi son voisin, l’Ukraine, en février 2022. Mais même avant la pandémie le tourisme en Corée du Nord était réduit à sa plus simple expression, à peine 5000 touristes occidentaux par an rapportent les agences spécialisées. Les Américains occupaient 20% dans ce marché, jusqu’à ce que Washington ferme le robinet suite à l’incarcération et au décès d’un étudiant américain, Otto Warmbier en 2017.
Avec ce nouveau méga projet manifestement le dictateur veut offrir autre chose à sa population que la famine et la terreur. Il faut peut-être y voir aussi un cadeau de bienvenue au président américain Donald Trump, dont les rapports avec Kim Jong Un sont très cordiaux. Rappelons qu’en juin 2019 le républicain avait fait le déplacement pour le rencontrer sur le sol nord-coréen, avec même des gestes d’amitié qui avaient étonné le monde. Alors pourquoi pas une réédition de ce voyage historique dont les retombées avaient été vite ensevelies dès que Joe Biden s’est installé à la Maison Blanche.
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