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Coronavirus : Comment évoluera la consommation en Tunisie ?

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Pratiquement, la majorité des économistes, sociologues et autres spécialistes des sciences humaines s’accordent sur le fait que la modélisation de la consommation en temps de crises et d’exposition à des risques majeurs est un exercice extrêmement difficile.

Néanmoins et sans être trop conceptuel, il est important de rappeler qu’en sciences économiques, la consommation représente la valeur des biens et services utilisés pour la satisfaction directe des besoins humains que ceux-ci soient individuels (consommation des ménages) ou collectifs (consommation des services non marchands par les administrations et les entreprises publiques et privées).

La consommation a souvent été assimilée au simple fait de détruire ou d’épuiser un objet ; elle est alors conçue comme une activité improductive par opposition à la production censée apporter de la valeur à la société. Quand une entreprise consomme des matières premières pour la production, la consommation est dite intermédiaire. Mais quand un ménage consomme un produit courant, la destruction est définitive : on parle de consommation finale. Ainsi, la consommation représente, dans des limites bien identifiées, un élément clé pour la prospérité socio-économique.

D’après les dernières statistiques mises à jour de la Banque centrale de Tunisie (BCT), la valeur de la consommation privée s’élève à 76.1 milliards de dinars à fin 2018. Quant à la consommation publique, elle est de l’ordre de 21.7 milliards de dinars. Au sens large, la consommation est estimée à 97.8 milliards de dinars ce qui représente, toujours selon les données de l’institut d’émission, 92.7% du Produit intérieur brut (PIB) au prix du marché. En Tunisie, on consomme donc, pratiquement, tout ce qui est produit et on consacre, de ce fait, très peu de revenus à l’épargne et à l’investissement.

Ces données montrent, clairement, aussi que le premier facteur déterminant la dynamique de l’activité économique et sociale au pays est la consommation. Toutefois, le pays consomme sans pour autant être productif. Encore une fois, la Tunisie fait l’exception et son mode de gouvernance constitue une entorse aux normes élémentaires du fonctionnement d’une économie saine.

A cet effet, il est à indiquer qu’une grande partie de la consommation provient de l’importation qui a atteint, selon l’Institut national de la statistique (INS), 60.0 milliards de dinars en 2018 et 63.3 milliards de dinars en 2019. Ceci veut dire que 61.3% de la consommation, en Tunisie, est importée !

Sous ces différents angles, la Tunisie est un pays très fragile aux chocs aussi bien endogènes qu’exogènes d’autant plus que l’économie du pays est une économie de rareté, par excellence en raison de l’écart important entre la production et la consommation.

L’affolement des consommateurs pour s’approvisionner en produits de première nécessité et la morosité générale de l’activité économique ces derniers jours, marqués par l’angoisse avec la propagation du coronavirus, illustrent sans doute que les prochaines semaines pourraient enregistrer des pénuries très sévères touchant la consommation vitale des tunisiens.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek