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Coronavirus – Sfax – Témoignage d’un passager : Une heure et demie d’horreur et de panique, à bord du Bac …

Coronavirus – Sfax – Témoignage d’un passager : Une heure et demie d’horreur et de panique, à bord du Bac  …

Panique à bord !  Un passager raconte une heure et demie d’horreur et de panique, à bord du Bac vers Kerkennah en raison de suspicions concernant un passager revenant de France d’atteinte par le Coronavirus.

Le journaliste de Tunisie Numerique a parlé avec Abdeljalil, qui portait encore les stigmates de la peur sur son visage :

« Ma femme a préparé autant de nourriture que possible, quelques douceurs et j’ai fait des commissions que ma mère m’avait recommandé d’acheter à Sfax, pour les lui porter à Kerkennah où elle réside et qu’elle refuse de quitter.

Mon épouse a mis le tout dans un couffin et m’a demandé de souhaiter la bonne santé et le bien-être à ma mère bien aimée. Je suis allé au port vers 5 heures du matin aujourd’hui, 17 mars 2020. Une journée qui restera gravée dans ma mémoire et que je raconterai à mes petits-enfants si je demeure en vie sur cette bonne terre.

Je suis arrivé à la station portant les courses de ma vieille mère, voulant être rapidement relié à la patrie de l’isolement, l’île des amoureux de la mer, que ma mère ne voulait absolument pas laisser. J’ai acheté le billet pour aller de Sfax vers Kerkennah sur le Loud Sersina A 6 heures du matin, la météo était dure, un froid glacial porté par des vents légers renforçait le sentiment d’isolement.

Le voyage a commencé et la plupart des passagers ont gardé la distance de sécurité entre eux. Tout le monde était assis à environ deux mètres l’un de l’autre sans une poignée de main. Certains portaient des gants et d’autres avaient mis sur leur bouche un masque étrange que nous n’avions jamais vu auparavant. Tout le monde parlait à voix haute en raison de l’espacement. Nous discutions de cette épidémie mortelle et chacun parlait de ses chiffres et de sa connaissance du sujet pendant que le Loud voguait sur la mer, répandant un sifflement agaçant.

Quelque chose de lourd habitait le salon jusqu’à ce que l’un des passagers se mette à vociférer en disant : un passager est porteur du virus Corona, il est parmi nous, il était en France et il est maintenant avec nous!

Panique … Cris … Peur … Mort, terreur, tous courent vers l’espace supérieur du vaisseau. J’ai laissé mes affaires et ma place et je suis monté. La peur m’a saisi ainsi que tous les passagers, tout le monde criait : laissez-le seul ! Isolez-le, qu’est-ce que c’est, comment, pourquoi ?

J’étais inquiet ainsi que les autres passagers, une peur inconnue et indicible m’a saisie. Nous étions nombreux à nous diriger vers « l’île des rêves ». Nous n’avions plus qu’à nous remettre à la volonté divine. Nous nous sommes rendus dans l’espace supérieur et nous nous sommes dirigés vers le poste de pilotage pour informer le commandant du navire. L’homme était d’abord confus face aux questions qui pleuvaient de la part des voyageurs et du commandant. Plusieurs mètres nous séparaient de lui, pourtant tout le monde se couvrait la bouche et proférait des menaces.

Une pluie de questions, de cris, de crachats et même d’insultes s’est abattu sur lui. L’homme a d’abord nié son retour de France, puis son visage s’est contracté, sa bouche est devenue bleue et il a avoué. Sa voix était enrouée et ses larmes coulaient, la compassion prit alors place dans nos cœurs et soudain le discours est devenu plus doux, plus humain.

Les autres ont été obligés de quitter la salle du haut le laissant seul avec l’équipage du navire, qui lui ordonna de rester isolé jusqu’à ce que le Loud arrive à la gare Sidi Youssef.

Le navire est arrivé et est entré dans le port, sans émettre le moindre son. Le froid avait tordu nos visages et l’angoisse habitée nos corps. Des voix se sont élevées pour avertir qu’il ne fallait pas prendre l’homme revenu de France dans les transports publics de l’île.

Nous avons débarqué. Des agents se sont empressés pour stériliser et purger les salles et nettoyer le pont en fer menant aux espaces supérieurs et aux salons avant que les passagers de 8 heures n’embarquent vers Sfax.

J’ai pris mes bagages, tout en récitant silencieusement des versets coraniques appelant le Créateur à nous protéger de cette épidémie et à apaiser nos peurs ».

Abdeljalil a conclu en disant:

« J’appelle toutes les personnes venant d’un pays étranger à respecter les consignes et les procédures du Ministère de la Santé et de se conformer à la quarantaine pour éviter de vivre et de faire subir de tels moments cauchemardesques.

Votre rôle, en tant qu’organismes d’État et responsables de la santé des citoyens est d’être au courant du retour de cette personne des foyers de l’épidémie. Il faut le mettre sous observation et l’obliger à se mettre en quarantaine pendant 14 jours ».

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