Economie

Crise à la Société Ellouhoum : Mohsen Hassan plaide pour ces réformes

À quelques jours après l’Aïd al-Adha, la Société Ellouhoum, pilier public du marché de la viande en Tunisie, se retrouve au centre d’un scandale de gouvernance et de soupçons de corruption. Face à cette situation jugée critique, l’économiste et ancien ministre du Commerce Mohsen Hassan appelle à un plan de restructuration global pour sauver cette entreprise stratégique, aujourd’hui en perte de légitimité et d’efficacité.

Dans une déclaration à l’agence TAP, Mohsen Hassan a souligné que la mission historique de régulation du marché par la Société Ellouhoum est en train de s’effondrer, et que seule une réforme structurelle permettra de redresser l’entreprise et de garantir l’accès équitable à la viande pour les consommateurs tunisiens.

Un plan détaillé pour refonder la société

Le plan proposé par Mohsen Hassan repose sur plusieurs axes complémentaires, alliant réforme sociale, redéploiement foncier et modernisation industrielle :

  • Cession du site actuel de La Charguia (17 hectares) à des sociétés publiques comme SPROLS et SNIT pour des projets immobiliers à vocation sociale ;

  • Attribution d’un domaine agricole proche de Tunis pour relancer la production directe ;

  • Création d’un pôle agroalimentaire intégré, avec abattoirs, centres de transformation, réfrigération, emballage et formation professionnelle ;

  • Restructuration sociale, avec révision des effectifs, amélioration du climat de travail, et recrutement de compétences ciblées.

Sur le plan financier, il plaide pour une conversion partielle de la dette en capital, l’abandon des pénalités de retard, et une augmentation de la participation de l’État au capital, actuellement détenu à 66,28 % par l’Office tunisien du commerce.

Mohsen Hassan recommande également une réforme de la gouvernance, en intégrant des experts du secteur privé au conseil d’administration, tout en renforçant les contrôles internes, notamment sanitaires et financiers.

Un contexte aggravé par des scandales et des plaintes citoyennes

La déclaration de l’ancien ministre intervient dans un climat déjà explosif. Le 29 mai, une délégation parlementaire a inspecté le siège de la société. Les députés ont relevé des dysfonctionnements graves, évoquant des soupçons de malversations et de détournements dans la gestion des ventes à l’approche de l’Aïd.

La députée Sirine Marabet a qualifié la situation de « terrorisme alimentaire », affirmant détenir des vidéos, documents et témoignages accablants. Elle a indiqué que ces éléments seraient transmis à la justice. Une enquête judiciaire a été ouverte par la Garde nationale.

Une semaine plus tôt, le 23 mai, le ministre du Commerce, Samir Abid, avait effectué une visite inopinée dans les locaux d’Ellouhoum. Il y avait alors évoqué l’importation de viande réfrigérée et l’ouverture de points de vente au kilo pour les moutons, tout en mettant en avant la transparence. Le communiqué ministériel n’avait pourtant fait aucune mention des dysfonctionnements internes signalés par les citoyens et les élus.

Depuis, de nombreuses plaintes ont émergé sur les réseaux sociaux. Des intermédiaires auraient monopolisé les points de vente, achetant les moutons pour les revendre à des prix spéculatifs, rendant les sacrifices inaccessibles pour une partie des familles tunisiennes.

Une entreprise publique essentielle, à repenser d’urgence

Rappelons que la Société Ellouhoum est un outil public crucial dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire tunisienne, notamment dans les grandes zones de consommation. Elle gère les marchés de bétail, les abattoirs, les entrepôts frigorifiques et commercialise la viande à des prix régulés, avec pour mission de préserver le pouvoir d’achat des citoyens.

Mais l’accumulation de retards, d’inerties managériales et d’opacité dans la gestion met aujourd’hui en péril cette mission. La société, codétenue à 33,33 % par la municipalité de Tunis, semble aussi souffrir d’un enchevêtrement de responsabilités, qui empêche toute réactivité réelle.

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