Le secteur manufacturier allemand en difficulté
L’Allemagne, longtemps considérée comme la locomotive industrielle de l’Europe, fait face à un déclin inquiétant de son secteur manufacturier. Avec des géants comme Volkswagen en difficulté, les signes de ralentissement deviennent de plus en plus évidents. Le 29 octobre, Martin Wansleben, président de la Chambre de commerce et d’industrie allemande (DIHK), a déclaré que « les signes de recul de l’industrie manufacturière sont de plus en plus clairs », alertant ainsi sur la gravité de la situation.
Volkswagen envisage la fermeture de trois usines
Le constructeur automobile Volkswagen est au cœur de la tempête. Daniela Cavallo, représentante des employés de Volkswagen, a récemment annoncé que la société envisage de fermer trois usines en Allemagne, menaçant ainsi des dizaines de milliers d’emplois. Selon des rumeurs, près de 30 000 postes pourraient être supprimés, avec des baisses de salaires atteignant 10 % pour certains employés et jusqu’à 18 % pour d’autres. Les difficultés de l’entreprise s’expliquent en partie par la chute de ses bénéfices de 64 % au dernier trimestre, due notamment à des ventes faibles en Chine, un marché essentiel pour Volkswagen.
Des réductions d’effectifs dans d’autres grandes entreprises
La crise industrielle ne se limite pas à Volkswagen. Miele, fabricant d’appareils électroménagers, a annoncé en février dernier son intention de déplacer une partie de sa production vers la Pologne, entraînant une perte de 700 emplois dans son siège de Gütersloh, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Continental, un fournisseur majeur de l’industrie automobile, prévoit de réduire sa main-d’œuvre de 7 000 employés et de fermer plusieurs sites.
Michelin, le fabricant de pneus français, a également supprimé 1 500 emplois en Allemagne, tandis que ZF Friedrichshafen, une entreprise d’ingénierie, prévoit de réduire ses effectifs de 14 000 employés d’ici 2028 dans le cadre de sa restructuration.
Baisse des investissements industriels en Allemagne
Une étude de la Chambre de commerce et d’industrie allemande révèle que le tiers des entreprises industrielles et 40 % des autres entreprises prévoient de réduire leurs investissements en Allemagne.
Seules 19 % des entreprises industrielles jugent leur situation actuelle satisfaisante, contre 35 % qui estiment que leur situation est défavorable.
Ces données rappellent la crise économique de 2002-2003, qui avait nécessité le programme de réformes « Agenda 2010 ».
Divisions gouvernementales et absence de décisions concrètes
Malgré les avertissements sur les risques économiques, le gouvernement allemand dirigé par le chancelier Olaf Scholz peine à prendre des mesures unifiées pour soutenir le secteur industriel. Le 29 octobre, Scholz a tenu un sommet avec des leaders du secteur, dont Oliver Blume, PDG de Volkswagen, pour discuter des défis actuels, tels que la hausse des coûts de l’électricité et la nécessité de réduire la bureaucratie.
Cependant, ce sommet n’a pas abouti à des décisions concrètes, en raison de tensions internes au sein de la coalition gouvernementale, composée de trois partis.
Le prochain rendez-vous est fixé au 15 novembre, où Scholz rencontrera à nouveau les représentants du secteur, dans l’espoir de trouver un consensus avant la finalisation du budget pour l’année prochaine.
Toutefois, face aux divisions internes et aux défis économiques croissants, la situation de l’industrie allemande reste incertaine, et ses effets pourraient continuer à se propager bien au-delà des frontières du pays.
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