La crise économique et politique qui secoue l’Allemagne risque d’avoir des répercussions significatives pour la Suisse, bien que la stabilité de l’économie helvétique reste une barrière de protection.
En Allemagne, plusieurs secteurs phares comme l’automobile, la chimie et l’acier font face à des difficultés majeures, menaçant des milliers d’emplois et remettant en cause la solidité de la première économie européenne. Avec Volkswagen à la tête des difficultés, d’autres géants comme BASF et Thyssenkrupp sont également affectés, poussant les experts à redouter jusqu’à 200 000 licenciements dans les prochaines années.
Un séisme économique en Allemagne
Volkswagen (VW), symbole historique de l’automobile allemande, se retrouve dans une situation critique. Le constructeur a annoncé une chute de ses bénéfices de 64 % par rapport au trimestre précédent, contraignant le groupe à fermer trois de ses dix usines et menaçant des dizaines de milliers d’emplois parmi les 300 000 postes qu’il compte en Allemagne. BASF prévoit également de vendre certaines de ses activités et de fermer plusieurs de ses usines, tandis que Thyssenkrupp, affecté par une restructuration, envisage des réductions de personnel.
Un gouvernement allemand divisé et fragilisé
Face à cette crise économique, les autorités allemandes peinent à offrir une réponse coordonnée. Le chancelier Olaf Scholz et le ministre des Finances Christian Lindner se sont récemment disputé l’organisation de sommets économiques, illustrant des divisions profondes.
Dans ce contexte, Alexander Marguier, rédacteur en chef du magazine Cicero, décrit l’Allemagne comme « l’homme malade de l’Europe », soulignant que les coûts élevés de l’énergie, la bureaucratie et les impôts pèsent sur l’économie allemande. Il estime que les décisions politiques, comme la sortie du nucléaire et l’élargissement de l’État social, ont fragilisé le pays face aux réalités économiques et géopolitiques.
La Suisse : impact économique attendu mais limité
Si la Suisse pourrait être touchée par cette crise, les économistes s’attendent à ce que les répercussions soient limitées. Alberto Silini, expert chez Switzerland Global Enterprise, explique que les sous-traitants de la branche automobile, y compris ceux des technologies électriques, ont déjà observé un recul des commandes en provenance d’Allemagne depuis le début de l’année.
Cependant, Jan-Egbert Sturm, directeur du Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF), est optimiste quant à la capacité de la Suisse à amortir le choc. Il souligne que l’industrie suisse, grâce à ses produits de niche, son innovation et sa flexibilité, a déjà démontré sa résilience lors de la crise financière de 2008 et de la fluctuation du franc suisse en 2015. « La Suisse a su rapidement adapter ses processus et ses partenaires lorsque cela s’avérait nécessaire », rappelle-t-il.
La stabilité politique suisse, un atout face à la crise allemande
Contrairement à l’Allemagne, la Suisse bénéficie d’une politique de consensus qui contribue à une meilleure stabilité économique, selon Alexander Marguier. « La politique suisse, axée sur le bien du pays, permet une cohésion qui contraste avec les tensions partisanes en Allemagne », explique-t-il. Cette approche, basée sur la collaboration entre divers partis, confère à la Suisse une solidité que le voisin allemand, en proie aux divisions internes, semble aujourd’hui moins capable de maintenir.
Malgré les turbulences allemandes, la Suisse se prépare à affronter ces effets indirects grâce à son adaptabilité et à son modèle économique, tout en restant vigilante face aux éventuels impacts dans certains secteurs clés.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!
Commentaires