Economie

Dbeibah débarque à Tunis avec 24 personnes pour 7 jours : L’envers du décor…

Dbeibah débarque à Tunis avec 24 personnes pour 7 jours : L’envers du décor…

Le gouvernement tunisien se creuse actuellement les méninges pour savoir comment tirer le maximum de profit de la visite à Tunis du chef du gouvernement libyen, Abdel Hamid Dbeibah. Vu ce que pèse la Libye en Tunisie (en termes d’échanges économiques, surtout dans le sens Tunis-Tripoli ; en termes de tourisme médical, d’opportunités pour la main d’oeuvre tunisienne, etc.), la visite de Dbeibah est au moins aussi importante que les conciliabules en ce moment avec le FMI. Voire même plus importante que les discussions avec l’institution internationale puisqu’avec la Libye il s’agit de parler investissements, partenariats, etc., donc de création de richesses alors qu’avec le FMI il s’agit au mieux d’obtenir des sous qui seront aussitôt aspirés par le trou béant des salaires de la fonction publique, quoiqu’en disent les autorités. Reste à savoir ce que la Tunisie est mesure de faire pour profiter de ce séjour de 7 jours – c’est très long – du chef du gouvernement libyen…

D’abord quelle est l’assise de celui qui honore la Tunisie de sa présence ? C’est un chef de gouvernement certes reconnu par la communauté internationale, qui a pour mission de conduire la Libye jusqu’aux prochaines élections mais qui est contesté par le Parlement installé à l’est du pays, dans le giron du maréchal Khalifa Haftar. Le même Parlement s’est même mis en tête d’organiser un vote pour éjecter le chef du gouvernement et mettre à sa place le très influent ancien ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha. Et les armes, le vieux démon de la Libye, ont failli parler de nouveau pour imposer Bachagha à la tête du pays. Manifestement il y a des parties qui n’ont pas intérêt à ce que des élections apaisées aient lieu et elles font tout pour que les conditions ne soient pas réunies…

C’est donc un chef de gouvernement libyen affaibli qui se déplace à Tunis avec une très forte délégation de 24 personnes, entre décideurs politiques et opérateurs économiques du privé, selon la RTCI. Qu’est-il en mesure de conclure avec son homologue tunisienne, Najla Bouden et derrière elle le chef de l’Etat, Kais Saied ? Quel poids auront les éventuels accords signés entre la Tunisie et la Libye ? Comment réagiront les autres protagonistes de la crise larvée chez le voisin ? Mystère pour le moment.

Il y a bien un domaine où la Libye pourrait être d’un grand secours pour son voisin et frère tunisien : les hydrocarbures, dont les prix causent des tourments au budget de l’Etat tunisien et au portefeuille des automobilistes. Mais voilà, les mêmes causes produisent de nouveau les mêmes effets : les exportations de pétrole sont quasiment à l’arrêt, prises en otage par les milices armées qui campent aux abords des principaux sites pétroliers. Les protestataires exigent une meilleure répartition des ressources publiques, une vieille rengaine, mais ce qu’ils veulent surtout c’est installer Bachagha sur le fauteuil de Dbeibah

Il y a le feu au lac chez le voisin libyen, certes les médias n’en parlent pas en ce moment, happés par la guerre en Ukraine. Même ceux qui étaient au chevet de la Libye ont la tête ailleurs. La France et les Etats-Unis sont bousculés par les tensions internationales mais également par des agendas intérieurs. Le président français, Emmanuel Macron, sort d’une joute électorale compliquée, va vers des législatives qui ne le seront pas moins et aura très probablement un second mandat épineux. Le président américain, Joe Biden, très impopulaire, est déjà harcelé par son prédécesseur, Donald Trump. Si Macron et Biden sont affaiblis, la communauté internationale le sera, la Libye le sera en conséquence…

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