Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, a affirmé samedi 18 mai 2025 que le projet d’une « Libye sans milices ni corruption » restait plus que jamais d’actualité, à la suite des violents affrontements ayant secoué la capitale Tripoli ces derniers jours.
Dans un discours télévisé prononcé depuis le siège du gouvernement, Dbeibah a salué le succès de l’opération sécuritaire menée à Abu Salim, tout en lançant un avertissement clair aux groupes armés et aux réseaux de corruption encore actifs.
« Celui qui persistera dans le chantage ou la corruption ne sera pas épargné », a-t-il déclaré.
« Notre objectif est une Libye débarrassée de toutes les formations armées illégales et des pratiques mafieuses. »
Ces déclarations interviennent après les combats les plus violents enregistrés à Tripoli depuis plusieurs années, opposant les forces alliées au gouvernement d’union nationale (GNU) à des milices rivales, notamment le redouté appareil de soutien à la stabilité dirigé par Abdelghani al-Kikli, surnommé « Ghnewa », tué le lundi précédent.
Selon les Nations unies, au moins huit civils ont perdu la vie dans ces affrontements, tandis que neuf corps en décomposition ont été retrouvés dans une morgue de l’hôpital al-Khadra à Abu Salim. Le ministère de l’Intérieur a précisé que les autorités compétentes n’avaient pas été informées de ces décès, soulevant des inquiétudes quant à d’éventuelles exactions.
Le quartier d’Abu Salim, fief historique de plusieurs groupes armés, était aussi le siège du dispositif de soutien à la stabilité, officiellement rattaché au Conseil présidentiel, mais en réalité souvent en conflit avec les forces loyales à Dbeibah.
Le Premier ministre a rendu hommage aux unités sécuritaires déployées dans la zone et a diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux, le montrant saluant les forces armées devant le siège du gouvernement.
Dans un communiqué officiel, la primature a précisé que cette opération « s’inscrit dans la vision claire de l’État pour éradiquer les formations armées en dehors du cadre institutionnel de la police et de l’armée ».
Dbeibah a également reçu un délégation de notables de Misrata, venus lui exprimer leur soutien ferme dans sa démarche de restauration de l’autorité de l’État. Ces personnalités ont insisté sur la nécessité de mettre fin à l’emprise des milices, appelant à la reconstruction des institutions sécuritaires nationales.
Depuis sa nomination à la tête du gouvernement d’union nationale en 2021, à l’issue d’un processus parrainé par les Nations unies, Dbeibah a promis de réunifier les institutions et de ramener la stabilité, mais se heurte à une mosaïque de groupes armés autonomes qui fragmentent le pouvoir dans plusieurs régions.
Ainsi, alors que la Libye continue de subir les effets dévastateurs d’un conflit prolongé et de divisions institutionnelles profondes, le discours musclé de Dbeibah marque une volonté affichée de reprendre le contrôle sécuritaire dans la capitale.
Toutefois, l’absence de calendrier électoral clair, les rivalités persistantes entre factions, et l’impunité de certains groupes armés pourraient freiner cette dynamique de reprise en main.
La stabilisation de Tripoli sera un test déterminant pour la crédibilité du gouvernement dans son engagement à restaurer l’ordre et lutter contre la corruption systémique.
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