Economie

Déficit commercial : Les chiffres sont-ils fiables et qui paye l’écart ?

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Le déficit de la balance commerciale dépasse de loin le solde négatif de 19,2 milliards de dinars déclaré hier jeudi 13 octobre 2022 par l’Institut National de la Statistique (INS).

Le problème réside dans la méthodologie de calcul du déficit qui prend en compte les soldes des transactions de deux régimes : le régime général se rapportant aux sociétés résidentes et le régime off-shore appliqué à celles non-résidentes et totalement exportatrices. A l’échelle internationale, le FMI recommande depuis 2008 de ne prendre en considération que le solde du régime général du fait que les sociétés off-shore, ne sont tenues ni de rapatrier ni de céder les recettes de leurs exportations ce qui n’impacte pas les réserves en devises.

Un déficit réel de 28,6 milliards de dinars

Les recommandations du FMI pour le calcul du déficit commercial tiennent au fait que les sociétés résidentes sont appelées, selon la réglementation de change, à rapatrier les recettes de leurs exportations par transfert de devises ce qui affecte directement, le niveau des avoirs en devises.

La compensation entre les soldes du régimes général et off-shore effectuée par l’INS sert à ne pas monter une réalité désastreuse du secteur extérieur national puisqu’elle permet de sous-estimer le déficit réel du pays.

La balance du régime général pour septembre dernier affiche, selon l’INS, un solde négatif de 28,6 milliards de dinars ce qui correspond au déficit commercial réel de la Tunisie alors que le solde du régime off-shore est positif en se situant à 9,4 milliards de dinars. La compensation faite par l’INS a permis de ressortir un solde sous-estimé et hors normes internationales de 19,2 milliards de dinars.

Les exportations couvertes par les emprunts

D’après les chiffres de l’INS à fin septembre, 31,3% des importations tunisiennes ne sont pas couvertes par les exportations. En évidence comptable et en vertu du principe de la partie double, le reliquat est couvert donc par des emprunts sauf que ceux-ci ne sont pas comptabilisés dans la dette publique de l’Etat.

Ces emprunts sont, d’après les pratiques et les usages du commerce international, des emprunts renouvelables (revolvings) qui sont des emprunts consistant à mettre à disposition d’un emprunteur, une somme d’argent réutilisable au fur et à mesure de son remboursement, pour financer des achats non prédéfinis.

Si on prend en considération ces crédits, le volume de la dette publique sera d’environ de 120 milliards de dinars. A cela, s’ajoute la dette des entreprises publiques estimée à 30 milliards de dinars (qui ne figure pas dans la dette publique), le volume global réel de la dette atteint 150 milliards de dinars, ce qui dépasse de loin la valeur du PIB.

A titre indicatif et dans le même ordre d’idées, le cumul des déficits annuels de la balance commerciale, durant les années de 2018 à 2021, dépasse les 67 milliards de dinars soit plus de 17% de la valeur du budget de l’Etat de 2022.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI