Economie

« Départs volontaires » pour contenir la masse salariale, énième mesure inefficace

Partager

Les autorités prévoient de licencier environ 24 000 fonctionnaires de la fonction publique au cours des quatre prochaines années, dans le cadre d’un programme qu’elles ont qualifié de « départs volontaires » dans le cadre d’un plan visant à contenir la masse salariale, tandis que les craintes des syndicats s’intensifient avec ce nouveau plan du gouvernement, après son récent accord avec le Fonds monétaire international.

Le nombre des fonctionnaires est estimé à 670 000, et coûtent au budget du pays environ 20,1 milliards de dinars, selon les chiffres du budget de l’année en cours, ce qui représente environ 15% du produit intérieur brut du pays, selon les chiffres de la Banque mondiale pour l’année 2021.

Réforme difficile

La ministre des Finances, Sihem Boughdiri, a dévoilé le plan de départs volontaires, expliquant dans une déclaration médiatique, jeudi 3 novembre courant, que le gouvernement vise à inciter au départs volontaires environ 6 000 fonctionnaires par an, au cours des quatre prochaines années, ce qui contribuera à « rétablir les équilibres financiers du pays », selon ses dires.

Récemment, Sami Tahri, le porte-parole de l’Union générale tunisienne du travail, a fait part des inquiétudes de la centrale syndicale concernant le plan du gouvernement visant à contenir les salaires en gelant les recrutements et en opérant des départs volontaires.

Il a indiqué que le gouvernement veut mener une réforme que les classes populaires ne peuvent pas supporter, soulignant que l’UGTT a présenté au gouvernement un plan de réforme basé sur un élément important, à savoir l’augmentation de la croissance, qui sera un levier pour améliorer le niveau de vie des citoyens, critiquant les politiques d’austérité injustes que le gouvernement veut faire passer sur recommandation de Fond Monétaire international.

D’autre part, le Fonds monétaire international recommande la nécessité de s’attaquer aux causes du déficit pour réduire le recours à l’endettement, en stoppant le déficit budgétaire provoquée en partie par la masse salariale, qu’il qualifie de parmi les plus élevés au monde.

Mesure inefficace

Fin octobre 2022, le gouvernement est parvenu à un accord avec le Fonds monétaire international pour un nouveau prêt (1,9 milliard de dollars) en contrepartie de la concrétisation d’un ensemble de « réformes », notamment la réduction des subventions alimentaires et énergétiques, la restructuration des entreprises publiques qui souffrent d’un déficit, et la réduction de la masse salariale.

La Tunisie a besoin de 1,6 à 1,8 milliard de dinars par mois pour payer les salaires des fonctionnaires. Le gouvernement et les entreprises publiques recourent mensuellement au secteur bancaire pour demander des prêts à court terme ou émettre des bons de Trésor pour une période n’excédant pas souvent 52 semaines, afin de mobiliser les ressources nécessaires au paiement des salaires.

Sous un autre angle, les observateurs soulignent qu’il est nécessaire, avant de réduire le nombre des employés dans le secteur public, d’encourager les initiatives d’entreprenariat pour augmenter le taux de croissance d’une part, et de réduire la demande d’emploi dans le secteur public qui a été submergé de fonctionnaires en échange d’une faible productivité, d’autre part.

Les observateurs indiquent également que pour contenir la masse salariale, des enquêtes devraient être ouvertes au sein des ministères sur les soupçons de versement de salaires au profit de fonctionnaires décédés ou fictifs.

Une étude de l’Institut tunisien d’études stratégiques publiée en 2021 a montré que le nombre de fonctionnaires du secteur public a explosé après 2012 en raison des recrutements anarchiques. Selon le récent accord avec le Fonds monétaire international, la Tunisie recevra un nouveau financement avec une condition de base de la réduction de la masse salariale en dessous de 12% du PIB Total.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek