En novembre 2024 la juriste franco-palestinienne et eurodéputée de la France insoumise (LFI), Rima Hassan, bataillait pour faire lever l’interdiction de sa conférence à Sciences Po Paris. Une bataille qu’elle a perdue in fine, le Conseil d’Etat s’étant rangé derrière le directeur de l’établissement, qui avait agité le risque de “confrontations violentes entre les pro-palestiniens et la communauté juive”. Pourtant le Tribunal administratif avait balayé l’argumentaire de la direction de Sciences Po. Cette fois personne ne fera taire l’élue LFI. Elle a pris la parole lors de la séance plénière au Parlement européen pour s’adresser au président américain et à Israël, à leur projet funeste d’exiler de force les Gazaouis, un “voyage sans retour” a dit Donald Trump.
La députée n’est pas inaperçue hier mardi 11 février, avec «Palestine» bien en évidence en jaune sur son sweat-shirt bleu marine et un porte-badge aux couleurs du keffieh palestinien autour du cou. A eux seuls c’était un puissant message politique. La présidente de la séance et vice-présidente du Parlement européen, Ewa Kopacz, n’a pas du tout apprécié. Le discours de Rima Hassan n’a duré qu’une minute mais l’essentiel a été dit. Elle s’en est prise aux «récentes déclarations de Trump, applaudies par ses alliés de l’internationale fasciste»…
Elle s’adressait aussi et surtout au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, puisque ce plan est le sien. Rappelons que dès janvier 2024 ses ministres les plus extrémistes (ceux de la Sécurité et des Finances, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich) ont mis sur la table l’expulsion des Gazaouis et la colonisation définitive de l’enclave. «Personne n’est dupe de l’objectif macabre au cœur de l’alliance entre Trump et le régime génocidaire israélien : détruire les juridictions internationales pour poursuivre en toute impunité leur projet de nettoyage ethnique des Palestiniens», a asséné Rima Hassan.
Après sa courte allocution la présidente de la séance l’a apostrophée en ces termes : «Je tiens à vous rappeler que les règles s’appliquent également à vous dans le Parlement européen. Comme le prévoit l’article 10.3, à l’avenir, merci de ne pas apporter toutes sortes de banderoles ou d’inscription comme celle que vous avez sur votre sweat-shirt. Merci».
Le règlement intérieur du Parlement européen exige des députés qu’ils «ne perturbent pas le bon ordre dans la salle des séances et s’abstiennent de tout comportement déplacé. Ils ne déploient ni banderoles ni bannières». Mais pour l’élue LFI l’essentiel était ailleurs, son sourire en regagnant sa place le démontre. La gravité du moment passe bien avant les considérations vestimentaires et le corset de la bienséance. Un coup d’éclat c’est le minimum que le Parlement européen puisse accepter face au sort tragique des Palestiniens.
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