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Derrière les rideaux du 15 mai : De bonnes nouvelles et quelques mauvaises

Derrière les rideaux du 15 mai : De bonnes nouvelles et quelques mauvaises

D’abord mettons-nous d’accord sur ce qui, me semble-t-il, est une évidence, avant de poursuivre notre propos : Quoiqu’en disent les opposants du chef de l’Etat, Kais Saied, les fondements de la démocratie tunisienne ne sont certes pas gravés sur le marbre (même en France et aux USA ils ne le sont pas, que dire d’une jeune démocratie d’à peine 11 ans), mais il y a du solide. Il y a tout de même de bonnes nouvelles et quelques mauvaises…

Je ne peux pas croire une seconde que les anti-Saied soient assez naïfs pour croire que le président de la République, même au zénith au niveau de la popularité, va enterrer ici et maintenant la transition démocratique tunisienne. Reste l’autre explication, la vraie : Les opposants le disent et l’ont crié pas plus tard qu’hier dimanche 15 mai parce que c’est vendeur politiquement, parce que cette victimisation leur ouvre les portes des chancelleries occidentales et les oreilles des amis de la Tunisie. Et c’est toujours ça de pris, en attendant que la roue tourne, peut-être, même si ça part très mal pour cette classe politique qui a usé les citoyens en à peine 11 ans de pénible exercice démocratique…

La Tunisie n’est pas l’Egypte et encore moins la Libye. Les Occidentaux, comme d’ailleurs la grande majorité des citoyens égyptiens, ont fait le deuil de la démocratie sur la terre des Pharaons. Le président Abdel Fattah al-Sissi était jadis vilipendé par ses opposants et décrié un peu partout en Occident. Les temps changent et presque plus personne ne le critique à l’étranger, quoiqu’il fasse. Quant à la Libye, ses inquiétants reculs depuis sa dite Révolution, avec parfois quelques montées de fièvre orchestrées par les milices armées, commencent à lasser ses soutiens occidentaux…

L’Algérie fait sa transition politique à sa manière, ça ne plait pas toujours à l’Occident mais il s’en accommode, notamment l’ami français qui a besoin d’Alger sur des tas de dossiers. Les Américains aussi ont besoin d’Alger. L’Algérie, forte de son indépendance financière que lui confère ses ressources très convoitées, peut même s’autoriser, dans cette conjoncture internationale où chacun doit choisir son camp, à traiter avec l’OTAN et la Russie en même temps. Au Maroc aussi l’expérience politique est singulière, avec un roi au-dessus de tout et un gouvernement qui fait ce que le monarque lui dit de faire, et d’ailleurs il le fait bien. En définitive seul le phare de l’expérience démocratique tunisienne brille encore…

Et il continuera à briller, quoiqu’en disent les uns et les autres. Je ne dis pas que le président Kais Saied n’est pas tenté par l’autocratie, tous les dirigeants du monde le sont pour la simple raison et bonne raison que ça facilite l’action en gommant les contre-pouvoirs. Je dis que même si le chef de l’Etat voulait tout verrouiller au-delà des délais qu’il a fixés et qu’il a communiqués aux partenaires – les élections de décembre 2022 – il ne pourrait pas. Parce que du beau monde l’attend au tournant, d’abord la bruyante et combative société civile tunisienne – je zappe volontairement l’opposition -, mais surtout les soutiens de la Tunisie…

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a rappelé à Tunis dernièrement qu’il n’est pas seul, qu’il est étroitement surveillé et qu’il n’a pas un chèque en blanc. L’exécutif tunisien l’aura quand le pays aura les moyens de sa politique et qu’il ne tendra plus la main pour payer ses salaires. On en est encore loin. Et c’est aussi ce que nous rappelle la bouffée d’oxygène de 300 millions d’euros signée par l’Union européenne

 

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