A la une

Des députés européens à Tunis : Une virée à plusieurs milliards mais pas que…

Des députés européens à Tunis : Une virée à plusieurs milliards mais pas que…

La Tunisie aura de la visite du 11 au 13 avril 2022 : Une délégation de députés de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen sera parmi nous. Que viennent faire ces Messieurs/Dames au pays du jasmin ? Et bien la même chose, à peu de choses près, que la sous-secrétaire d’Etat américaine ou la présidente de la Commission européenne pour la démocratie par le droit : Prendre le pouls de la jeune démocratie, qui intéresse beaucoup les partenaires étrangers. Et on les comprend, ils n’ont pas misé toute cette énergie et tous ces sous sur elle pour ensuite la regarder se débattre dans ses affres et péricliter…

Il faut que la démocratie tunisienne tienne le coup, même si elle doit être la seule dans une région où les reculs dans ce sens font légion. La Libye inspire de moins en moins d’espoir, quant à l’Egypte elle est retournée sous la main de fer d’Abdel Fattah-al Sissi et manifestement les Occidentaux s’en accommodent en se disant qu’après tout c’est peut-être ce qu’il faut aux Egyptiens. Personne ne condamne plus al-Sissi, au contraire, il a même reçu la plus haute distinction française, la Grand-Croix de la Légion d’honneur, sans parler des affaires qu’il fait avec son copain Emmanuel Macron. Et que dire du soutien militaire massif des Américains, faisant fi de toutes ces prisons qu’al-Sissi a remplies d’opposants et de détenus d’opinion. La Tunisie est très loin de tout ça, mais elle peut encore et doit mieux faire selon ses soutiens occidentaux…

Les députés européens viennent à Tunis pour dire tout cela, avec les usages diplomatiques de circonstance, au chef de l’Etat, Kais Saied et au gouvernement de Najla Bouden. Ils vont également converser avec la société civile histoire d’avoir un son de cloche différent de la version officielle par définition toujours édulcorée. Mais contrairement à la secrétaire d’Etat américaine, les parlementaires européens vont rencontrer des responsables de partis politiques. Je vous laisse imaginer les commisérations, les récriminations de l’opposition contre le président de la République, la victimisation à outrance et que sais-je encore…

Bon, les députés européens font leur job, ils se doivent d’écouter tout le monde, leurs électeurs ne comprendraient pas qu’ils fassent une virée en Tunisie sans ausculter ceux qui ameutent les médias étrangers en pointant les brimades que leur fait subir le chef de l’Etat. Donc la rencontre avec les formations politiques s’impose, mais est-ce que cela changera fondamentalement la vision que les Européens se font de la trajectoire de la Tunisie ? On verra bien. En tout cas le fait que le communiqué de la diplomatie européenne mentionne le suivi à la loupe de l’agenda politique validé en décembre 2021 indique clairement que l’UE a avalisé la route tracée par Saied. Quant à être d’accord sur le modus operandi pour y arriver, ça c’est une toute autre histoire…

L’UE s’est assise sur un financement de 300 millions d’euros parce que justement elle estime que le président tunisien est trop sorti des rails. Et il est évident que le partenaire européen ne fera rien tant qu’il n’aura pas la garantie que Saied sait ce qu’il fait et qu’il n’y a aucune crainte sur les libertés et les droits humains. Tunis a lourdement fauté en n’envoyant pas des émissaires aux quatre coins du monde pour expliquer les décisions qu’il prend, pour rassurer. Ce sont les députés européens qui viennent à l’exécutif tunisien, alors il faut saisir cette occasion pour se montrer sous son meilleur jour. Des tas de choses, vitales pour le pays, en dépendent et l’erreur n’est plus permise.

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut