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Des Marines dans les rues de Los Angeles : quand la fiction devient politique

Dans une scène digne d’un film de science-fiction à petit budget, des Marines armés ont été déployés en plein cœur de la paisible ville de Los Angeles. Non, ce n’est pas une séquence tournée pour Hollywood, mais bien une opération ordonnée par le président américain Donald Trump.

Objectif officiel : protéger les bâtiments fédéraux. Contexte réel : une ville sans agitation particulière, mais une décision présidentielle qui donne des allures de zone de guerre à Westwood.

En treillis, fusils à la main, ces soldats d’élite que l’on a plus l’habitude de voir à Falloujah qu’à Beverly Hills, ont pris position autour d’un immeuble hébergeant notamment des bureaux du FBI.

L’image est frappante. L’utilité ? Beaucoup moins. « L’argent des contribuables pourrait servir à autre chose », lance un habitant déconcerté. À noter qu’aucune manifestation n’était prévue dans le quartier.

L’armée à la rescousse… d’un calme

Les 700 Marines envoyés par Trump viennent compléter une force de 4000 réservistes de la Garde nationale, tous destinés à sécuriser les bâtiments fédéraux de la deuxième plus grande ville des États-Unis. Leur déploiement intervient en prévision de manifestations prévues samedi dans tout le pays, sous le mot d’ordre « No Kings », une allusion peu subtile à ce que certains considèrent comme les penchants monarchiques du président américain.

Mais sur le terrain, les rues sont calmes. Aucun soulèvement populaire à l’horizon, aucune vague d’émeutes. Sauf peut-être ce ballon de six mètres, à l’effigie de Trump en couche-culotte, que des manifestants comptent faire flotter dans le ciel de Los Angeles. Menace sérieuse pour la sécurité nationale ?

Un gouverneur en colère, une justice partagée

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a vivement réagi à ce qu’il qualifie de « fantasme fou d’un président dictatorial ». Il a saisi la justice, qui s’est montrée divisée : un juge fédéral a déclaré l’ordre de déploiement illégal, avant qu’un juge d’appel ne l’autorise temporairement.

Cette escalade militaire intervient alors que Trump s’apprête à célébrer ses 79 ans par une parade militaire à Washington, pour marquer les 250 ans de l’armée américaine. Le timing est parfait, diront certains. Ou calculé, diront d’autres.

Retour aux racines du chaos

La tension à Los Angeles remonte au 6 juin, lorsque des manifestations ont éclaté contre les raids de l’agence d’immigration (ICE) visant des sans-papiers. Si les rassemblements étaient en majorité pacifiques, certaines scènes ont marqué les esprits : voitures incendiées, commerces pillés, feux d’artifice improvisés et autoroutes bloquées.

Face à ces incidents, Donald Trump a trouvé la solution : les Marines. Une réponse jugée disproportionnée par nombre d’observateurs et de citoyens, d’autant plus que l’apaisement semblait avoir déjà repris le dessus.

Ainsi, avec ce déploiement spectaculaire, Trump semble vouloir écrire un nouveau chapitre dans le manuel du maintien de l’ordre : remplacer les boucliers de la police par des fusils d’assaut de Marines.

Une mise en scène bien huilée, à l’américaine, mais qui pose de sérieuses questions sur les dérives sécuritaires et l’instrumentalisation militaire à des fins politiques.

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