Afrique

Des promesses brisées : Les jeunes Africaines dupées pour fabriquer des drones de guerre en Russie

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Des centaines de jeunes femmes africaines, recrutées pour un programme de travail en Russie, découvrent qu’elles ont été trompées. Au lieu des emplois prometteurs dans l’hôtellerie et la restauration, elles se retrouvent à fabriquer des drones pour la guerre en Ukraine, sous surveillance constante et dans des conditions de travail éprouvantes.

Un piège bien ficelé

Attirées par des offres alléchantes sur les réseaux sociaux, ces femmes, principalement âgées de 18 à 22 ans et venant de pays comme l’Ouganda, le Kenya ou le Rwanda, ont répondu à des annonces leur promettant une “aventure européenne” avec billets d’avion gratuits et emplois rémunérés. Cependant, une fois arrivées dans la région de Tatarstan, elles ont découvert qu’elles étaient destinées à assembler des drones dans une usine d’armement. Loin de l’expérience qu’on leur avait vendue, elles se sont retrouvées à fabriquer des drones basés sur des modèles iraniens destinés à être utilisés en Ukraine.

L’une des femmes interviewées a confié à l’Associated Press : « Je ne savais pas que je venais ici pour fabriquer des drones. » Une autre a ajouté : « C’était un piège, je regrette d’être ici. »

Des conditions de travail précaires

Les témoignages recueillis révèlent des conditions de travail difficiles. Les femmes sont sous surveillance constante, tant dans leurs dortoirs qu’à l’usine. Elles décrivent de longues journées de travail et des salaires bien inférieurs à ceux promis. Certaines se plaignent également d’avoir été exposées à des produits chimiques corrosifs qui ont abîmé leur peau, sans pour autant recevoir un équipement de protection adéquat.

Malgré ces conditions, certaines sont restées en espérant envoyer un peu d’argent à leurs familles. Mais avec des déductions sur leurs salaires pour le logement et les soins médicaux, la plupart peinent à joindre les deux bouts.

La production de drones en plein essor

Le complexe industriel d’Alabuga, où ces femmes travaillent, est au cœur de la production des drones russes. Avec un objectif de fabrication de 6 000 drones par an d’ici 2025, cette usine est cruciale pour la stratégie militaire russe en Ukraine. Près de 90% des femmes recrutées par le programme “Alabuga Start” travaillent dans la production des drones, manipulant des pièces et des matériaux qui ne nécessitent pas une expertise technique poussée.

Malgré une production en augmentation, des doutes subsistent quant à la qualité des drones fabriqués. Selon certaines sources, près de 95% des drones russes lancés depuis juillet 2023 n’ont pas atteint leur cible en Ukraine, suggérant que les drones pourraient souffrir de défauts dus à une main-d’œuvre non qualifiée.

Un recrutement controversé

Le recrutement de ces jeunes femmes, sous des promesses mensongères, a suscité des critiques. Les autorités russes ont étendu leur campagne de recrutement à d’autres pays en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Certaines gouvernements africains, comme celui de l’Ouganda, ont exprimé leurs préoccupations quant à l’âge et aux conditions de travail des femmes envoyées en Russie.

Des experts des droits de l’homme soulignent que ce type de recrutement pourrait s’apparenter à de la traite d’êtres humains. Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré que la Russie pourrait être coupable de “traite d’êtres humains” si elle a trompé ces femmes sur la nature de leur emploi.

Ainsi, l’histoire de ces jeunes femmes africaines recrutées pour fabriquer des drones en Russie met en lumière les sombres réalités du recrutement de main-d’œuvre étrangère pour soutenir les efforts de guerre. Dans un contexte où la guerre en Ukraine se poursuit, les sacrifices humains et les tromperies pour maintenir l’appareil militaire en fonctionnement soulèvent des questions sur les pratiques éthiques et les droits de ces travailleuses.

 

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