Monde

Deux avions militaires français rachetés par l’Iran, l’embargo américain piétiné

Deux avions militaires français rachetés par l’Iran, l’embargo américain piétiné

Après les ventes d’équipements militaires à la Russie jusqu’en 2020 (qui était théoriquement sous embargo depuis 2014, date à laquelle elle a annexé la Russie) et le business de l’uranium enrichi avec Moscou, Paris signe un autre scandale qui fera jaser, surtout aux USA : Deux avions de ligne de l’armée de l’air, qui portent la mention «République française», ont été cédés à une compagnie iranienne…

Ces appareils, des Airbus A-340, ont été enlevés de la flotte du ministère de la Défense en 2020 et vendus un peu plus de 400 000 euros l’unité à l’entreprise française LMO Aéro. Mais ce qui détonne le plus c’est le stratagème mis en place pour les faire passer entre les mailles des sanctions internationales.

Premier acte : Une compagnie écran malienne a racheté ces appareils, dans une vente aux enchères. Ensuite les avions prennent la direction de l’Indonésie. Dans les photos mises en ligne les A-340 arboraient encore les couleurs de la France et la mention «armée de l’air», mais les termes «République française» et la décoration tricolore sur le fuselage avaient disparu. Ils ont débarqué le 23 mai 2023 en Iran pour une troisième vie…

Rappelons que ces appareils avaient été vendus à la France par Austrian Airlines. Reste à expliquer à la communauté internationale comment ils se sont retrouvés en Iran, lequel fait face à des sanctions très sévères décrétées par les USA. Un de ces appareils sera utilisé par Mahan Air, une compagnie black-listée dans l’Union européenne jusqu’en 2008.

L’autre A-340 est stationné depuis la fin du mois de mai dernier dans le parking d’une base militaire iranienne et pourrait bientôt servir d’avion gouvernemental. «La France a vendu ces appareils civils et ne peut être tenue pour responsable de leur parcours après la vente», argue une source au ministère des Armées, cité par Le Point…

D’après un porte-parole de l’armée de l’air, «ces avions sont assez anciens, et même durant leur service en France ils n’intégraient aucun équipement particulier», tel que des systèmes de télécommunications sécurisées. Ce sont donc des avions de ligne ordinaires alors que les nouveaux A-330 «Phénix» eux embarquent des équipements militaires.

N’empêche que l’Iran ne fait pas la fine bouche devant l’A-340. Ce dernier est équipé de 4 moteurs – les appareils plus modernes en ont 2 – et il est très gourmand en kérosène, donc  les compagnies occidentales lui tournent le dos. Vu que la demande baisse les prix chutent en conséquence, ce qui en fait une excellente affaire pour Téhéran, étranglé par les sanctions économiques…

Par ailleurs les avions de ligne récents n’ont pas beaucoup d’intérêt pour les compagnies iraniennes qui auraient le plus grand mal à trouver les pièces détachées du fait de l’embargo.

A noter qu’en 2022 l’Iran était parvenu à passer entre les gouttes pour mettre la main sur 4 autres A-340 par le truchement de l’Afrique du Sud. Par ailleurs Téhéran met en place des mécanismes pour parfois racheter des appareils qui seront démanteler par la suite afin d’y piocher des pièces servant à entretenir d’autres avions en service. Vous l’aurez compris : En mode survie il n’y a pas plus costaud que les Iraniens.

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut