Développement régional – Régionalisme : Mechichi met les pieds dans le plat…

Partager

Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a déclaré mardi dernier 10 novembre 2020, à la suite de la signature de l’accord d’« El Kamour » que son gouvernement avait opté pour « une nouvelle méthode en matière de dialogue avec la population de Tataouine et l’écoute de ses préoccupations et thèses ».

Il a révélé aussi que cette « nouvelle méthode » fondée sur le dialogue et le retour de la confiance, sera adoptée dans l’ensemble des gouvernorats, notamment ceux qui souffrent de problèmes de développement.

A peine quelques jours après ces déclarations, les revendications ont éclaté dans d’autres régions sur fond ouvertement imprégné d’un régionalisme abject.

Exhibant cet accord « historique », comme un trophée couronnant une réussite sans égal, pourtant accord humiliant vis-à-vis de l’Etat et gratifiant une protestation illégale en offrant aux protestataires des planques dorées dans les sociétés publiques et en obligeant les sociétés pétrolières pourtant privées à payer des oisifs, Mechichi a commis une erreur monumentale et a incité, sans le vouloir, des régions entières à prendre les gens d’El Kamour pour exemple et faire chanter l’Etat, chacun à sa manière.

A l’instar du sit-in « réussi » des “kamouristes” qui ont séquestré des mois durant la richesse des tunisiens et causé une perte de 800 millions de dinars selon les sources dignes de confiance dont certaines sont officielles, et ce sur fond de revendications « légitimes » de leur « part » des richesses du gouvernorat alors que leur manipulation par une mouvance politique connue est un secret de polichinelle, de nouveaux protestataires « sociaux » organisés en collectifs de sit-inneurs dans les gouvernorats de Siliana, du Kef, de Kairouan, de Tozeur et de Kasserine réclament à leur tour leur part du développement régional promis par des autorités centrales disloquées et complètement impuissantes financièrement. Certes la liste sera plus longue dans les prochains jours.

Le Secrétaire régional de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) à Kairouan, solidaire avec le mouvement de protestation dans le gouvernorat a souligné qu’une vague de mécontentement et de colère souffle sur la région en réaction au discours du Chef du gouvernement car, « Mechichi a cité plusieurs gouvernorats qui selon lui nécessitent désormais plus d’attention, de projets et de développement et une intervention similaire à celle d’El Kamour. Sans évoquer Kairouan ».

Par conséquent, « les habitants du gouvernorat ont estimé qu’il s’agit d’un mépris délibéré et d’une politique sélective visant à satisfaire certaines régions aux dépens d’autres ».

Des jeunes en se sont attroupés près du Groupe Chimique à Gabés revendiquant des emplois.

Il est clair que l’arrangement fait par Mechichi avec les gens d’El Kamour risque de faire éclater des revendications sur fond de développement régional certes, mais qui risque surtout de faire des amalgames avec le régionalisme dans un contexte où l’économie du pays est en lambeaux.

Rappelons que d’après, la dernière note publiée récemment par le ministère des Finances et se rapportant aux « Résultats provisoires de l’Exécution du Budget de l’Etat à fin août 2020 », que les dépenses relatives à l’infrastructure et au développement sont de l’ordre de 3264.6 millions de dinars (980 millions d’euros) ce qui représente seulement 6% du budget des dépenses de l’Etat.
Toutefois, et malgré la prouesse du chef du gouvernement dans le dossier d’El Kamour, il est presque certain qu’un gouvernement en faillite ou presque ne peut rien faire pour les régions qui revendiquent à tort ou à raison leur part de développement.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek