Tunisie Numérique s’est penchée sur les habitudes alimentaires des ménages tunisiens qui ont bien voulu partager avec nos journalistes, dans les régions, leurs modes de consommation.
L’initiative, intitulée ‘‘Dis-moi ce que tu manges’’, vise à dépeindre avec authenticité et sans préjugés la manière dont les familles tunisiennes gèrent leur budget alimentaire en période de crise.
Dans un élan de générosité et de transparence, les familles participantes, issues de divers horizons géographiques et socio-économiques de la Tunisie, ont volontairement accepté de révéler les coulisses de leur organisation domestique. Elles ont ouvert les portes de leurs garde-manger et réfrigérateurs, nous permettant ainsi d’observer de près les choix et les sacrifices qu’elles font au quotidien pour nourrir leurs proches.
Dans un modeste foyer de Kasserine Sud vit la famille de Abbas. Leur maison, bien que simple, est empreinte de chaleur et de vie. En ce mois de Ramadan, période de partage mais aussi de dépenses accrues, l’équilibre familial repose sur l’entraide et une gestion avisée du quotidien.
Abbes, un homme d’une soixantaine d’années, est le pilier du foyer. Depuis plus de vingt ans, il tient un petit café, un métier qui lui permet de subvenir aux besoins des siens. Chaque matin, vêtu de sa jebba grise et de sa chéchia, il arpente le marché, scrutant les prix et négociant avec les commerçants.
Mais cette activité devient de plus en plus précaire. La hausse des prix et la rareté du café compliquent ses affaires, le poussant parfois à envisager des alternatives, comme l’achat de café de contrebande en provenance des pays voisins.
Pour faire face aux exigences du mois sacré, Abbes adopte une organisation méthodique :
Fatma, son épouse, est une femme dynamique malgré le poids des années. Dès l’aube, elle prépare le sahour, accomplit sa prière, puis s’affaire aux préparatifs du ftour.
Fidèle aux traditions, elle met un point d’honneur à cuisiner elle-même les plats du Ramadan. Makroudhs, youyous et autres gourmandises sont confectionnés avec soin, convaincue que “le fait maison est plus savoureux et plus économique”.
Le foyer compte cinq enfants, chacun évoluant à son propre rythme :
Les feuilles de brik: Une source de revenus pour alléger le poids des dépenses
Pour contribuer aux finances du foyer, Fatma fabrique et vend des feuilles de brik (malsouka), ingrédient phare des tables ramadanesques.
Chaque soir, après la prière des tarawih, elle s’installe dans sa cuisine pour les façonner. Mais cette activité n’est pas sans difficultés :
Malgré son emploi du temps chargé, Fatma veille à préserver l’équilibre familial. Elle trouve toujours du temps pour ses enfants, prépare les repas avec amour et entretient une ambiance chaleureuse dans la maison.
De son côté, Abbes la soutient inconditionnellement, convaincu que “l’union fait la force”.
Au moment de la rupture du jeûne, toute la famille se retrouve autour de la table dans une atmosphère de convivialité. Le repas débute par les dattes et le lait, suivis de la traditionnelle soupe et des briks croustillants.
Chaque soir, Fatma varie les plats principaux entre couscous, pâtes et mets mijotés.
Après le dîner, Abbes partage un moment avec ses fils autour d’un thé à la menthe, échangeant anecdotes et conseils.
Malgré l’inflation, Abbes veille à garantir une alimentation complète à sa famille, tout en évitant le gaspillage. Les repas sont pensés pour allier tradition et équilibre :
Malgré les contraintes économiques et les responsabilités accrues, la famille de Abbes aborde ce mois sacré avec solidarité et gratitude.
Ramadan, au-delà des privations, reste pour eux une période de partage et d’entraide, où chacun contribue au bien-être du foyer à sa manière.
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