Tunisie Numérique s’est penchée sur les habitudes alimentaires des ménages tunisiens qui ont bien voulu partager avec nos journalistes, dans les régions, leurs modes de consommation.
L’initiative, intitulée ‘‘Dis-moi ce que tu manges’’, vise à dépeindre avec authenticité et sans préjugés la manière dont les familles tunisiennes gèrent leur budget alimentaire en période de crise.
Dans un élan de générosité et de transparence, les familles participantes, issues de divers horizons géographiques et socio-économiques de la Tunisie, ont volontairement accepté de révéler les coulisses de leur organisation domestique. Elles ont ouvert les portes de leurs garde-manger et réfrigérateurs, nous permettant ainsi d’observer de près les choix et les sacrifices qu’elles font au quotidien pour nourrir leurs proches.
À l’approche du mois sacré, les familles tunisiennes commencent leurs préparatifs pour accueillir le Ramadan dans les meilleures conditions. C’est un moment où les habitudes de consommation changent et où la gestion du budget devient un véritable défi pour beaucoup de familles.
Plongeons dans le quotidien de la famille de Abdessattar, qui nous ouvre les portes de sa cuisine pour partager son organisation et ses astuces face à la flambée des prix.
Un budget sous pression, l’organisation est essentielle
Abdelsattar, homme âgé de 50 ans , travaille dans une usine et vit à Foundouk El Jedid, dans le gouvernorat de Nabeul, avec sa femme, leurs deux enfants (15 et 13 ans) et ses parents âgés, tous deux diabétiques.
Avec un revenu mensuel de 1 800 dinars, il consacre 900 dinars aux courses de Ramadan, soit une hausse de 300 dinars par rapport aux autres mois.
Pour faire face à la hausse du budget spécial Ramadan, la famille adopte une planification rigoureuse.
L’astuce révélée: Anticiper pour mieux économiser
Dès le début de Chaâbane, la femme de Abdelsattar établit une liste de courses détaillée pour éviter les hausses soudaines des prix en début de Ramadan.
Les achats sont stratégiquement répartis entre le marché hebdomadaire et les grandes surfaces.
- Les incontournables du placard : couscous, pâtes, boulghour, riz, concentré de tomate, sucre, farine, café…
- Épices : piment rouge, cumin, cannelle, curcuma, … pour parfumer les plats traditionnels.
- Protéines en stock : poulet en grande quantité et une petite quantité de viande rouge, découpés et congelés pour une meilleure gestion.
- Les essentiels du Ramadan : dattes achetées en avance pour éviter la flambée des prix, des jus préparés maison pour limiter les dépenses.
Faire ses courses pendant le Ramadan: Une mission sous tension
Avec la hausse des prix, chaque dinar compte. La famille adopte des stratégies malines :
- Marché hebdomadaire : légumes de base (pommes de terre, tomates, oignons, poivrons, carottes) et fruits de saison à prix modéré.
- Grandes surfaces : conserves, concentré de tomate, en profitant des promotions.
- Épiceries spécialisées : épices et olives pour sublimer les plats traditionnels.
Des plats gourmands après le jeûne mais équilibrés
Pendant le Ramadan, la cuisine de la famille retrouve ses saveurs d’antan avec des plats traditionnels riches en énergie et adaptés au budget.
L’iftar: Un moment de partage autour de la table
Le repas de rupture du jeûne commence par des dattes et du lait, suivis d’une soupe chaude, souvent “chorba frik” à l’agneau ou une soupe de langues d’oiseaux.
Le brik est incontournable sur la table, accompagné de tajine et de “harira” préparée à l’avance.
Les plats principaux varient entre couscous, pâtes, kamounia, lasagnes, madfouna, et des mets plus simples comme l’ojja, le kefteji ou la salade méchouia.
Le sahur: Un repas léger mais essentiel
Avant l’aube, la famille privilégie des aliments énergétiques comme le mesfouf aux raisins et fruits secs, du lait avec des dattes.
En fin de Ramadan, des douceurs traditionnelles comme la zouza ou des beignets faits maison viennent compléter ce dernier repas.
Éviter le gaspillage et consommer intelligemment
Pour maîtriser les dépenses, la famille met en place des habitudes simples mais efficaces :
- Préparer des portions adaptées pour éviter les surplus.
- Congeler les restes pour les réutiliser plus tard.
- Recycler le pain rassis en chapelure pour paner des escalopes ou préparer des tajines maison.
Des traditions préservées malgré les difficultés
Malgré un contexte économique tendu, la famille de Abdelsattar tient à préserver l’esprit du Ramadan. Les réunions familiales du week-end sont sacrées, avec des plats plus festifs comme le couscous à l’agneau ou le riz djerbien.
Accueillir des invités reste une coutume importante, même avec des moyens modestes, en offrant du thé, des dattes et des pâtisseries maison.
Ramadan, un mois de convivialité avant tout
Face aux défis financiers, la famille s’adapte sans perdre de vue l’essence du Ramadan : le partage, la spiritualité et la solidarité.
“Le Ramadan, c’est un mois de bénédiction et d’entraide“, confie Abdelsttar avec un sourire.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!
Commentaires