Dis-moi ce que tu manges

Dis-moi ce que tu manges: Chez Haj Mohamed de Kasserine, un petit déjeuner copieux malgré la crise

Dis-moi ce que tu manges: Chez Haj Mohamed de Kasserine, un petit déjeuner copieux malgré la crise

 

Tunisie Numérique s’est penchée sur les habitudes alimentaires des ménages tunisiens qui ont bien voulu partager avec nos journalistes, dans les régions, leurs modes de consommation.

L’initiative, intitulée ‘‘Dis-moi ce que tu manges’’, vise à dépeindre avec authenticité et sans préjugés la manière dont les familles tunisiennes gèrent leur budget alimentaire en période de crise.

Dans un élan de générosité et de transparence, les familles participantes, issues de divers horizons géographiques et socio-économiques de la Tunisie, ont volontairement accepté de révéler les coulisses de leur organisation domestique. Elles ont ouvert les portes de leurs garde-manger et réfrigérateurs, nous permettant ainsi d’observer de près les choix et les sacrifices qu’elles font au quotidien pour nourrir leurs proches.

Dans une modeste maison à Kasserine Nord, vit Haj Mohamed, un octogénaire dont les rides racontent la sagesse des années. 

Veuf depuis plusieurs années, il continue à gérer les affaires de sa famille avec détermination, malgré des revenus limités et des conditions de vie difficiles.

Il partage son foyer avec ses deux filles et trois fils célibataires, âgés de 42 à 58 ans, tandis que son fils marié habite à côté et un autre réside avec sa famille à la Cité olympique.

Malgré l’absence de la mère, la maison reste animée, chaque membre jouant un rôle pour maintenir la cohésion familiale, face aux défis économiques.

Un budget restreint, une gestion minutieuse

Le revenu mensuel de la famille ne dépasse pas 2000 dinars, principalement issu de la récolte des olives et d’un café populaire loué et géré par deux fils, mais dont les bénéfices restent faibles en raison de la hausse des prix du café et de la vétusté des équipements.

Des repas simples mais équilibrés

La famille de Haj Mohamed se contente de deux repas principaux par jour : un petit-déjeuner copieux et un déjeuner soigneusement préparé. Le dîner est souvent léger, voire inexistant. “Nous avons réduit notre consommation, nous nous concentrons sur l’essentiel et éliminons le superflu“, explique-t-il.

Un petit-déjeuner nourrissant malgré la crise

Chaque matin, l’aînée prépare du thé vert ou du café au lait, accompagné de pain chaud acheté à la boulangerie ou fait maison. Parfois, il est agrémenté d’huile d’olive, d’œufs durs ou remplacé par une assiette de bouillie chaude (assida) avec de l’huile d’olive et du sucre, ou encore des morceaux de gâteau traditionnel. 

Haj Mohamed souligne : “Aujourd’hui, beaucoup de produits transformés sont disponibles, mais ils sont souvent nocifs pour la santé. Le petit déjeuner est le repas le plus important de la journée.”

Un déjeuner varié selon le budget

Le déjeuner, repas principal de la journée, repose sur les légumes de saison achetés au marché hebdomadaire. Les plats les plus courants sont :

  • Couscous aux légumes ou au poulet, souvent préparé le dimanche et peut se conserver jusqu’au lendemain
  • Soupe d’orge et ragoûts, enrichis de haricots blancs ou de lentilles, idéals en hiver
  • Pâtes à la sauce tomate ou en bouillon léger, selon les jours
  • Riz aux légumes, alternative aux pâtes

La viande rouge est rare, consommée principalement lors de l’Aïd ou lorsqu’un proche en offre. 

On l’attend d’une année à l’autre“, plaisante Haj Mohamed. Le poulet et le poisson remplacent la viande rouge malgré leurs prix élevés.

Un budget restreint pour les courses

Le budget mensuel des courses ne dépasse pas 600 dinars, répartis comme suit :

  • Chaque semaine : Achat de légumes et fruits à bas prix au marché
  • Chaque mois : Approvisionnement en produits de base (semoule, farine, sucre, huile, pâtes, concentré de tomates) chez un grossiste
  • Selon les besoins : Achat de produits spécifiques dans les grandes surfaces si le budget le permet

Haj Mohamed insiste : “Nous achetons progressivement, nous choisissons un ou deux types de fruits par semaine, selon les prix

Économie en cuisine: Des astuces pour conserver les aliments

Face à la hausse des prix, la famille adopte des stratégies de stockage :

  • Conservation des légumineuses et légumes de saison : fèves, petits pois et pois chiches sont congelés
  • Préparation de boissons et pâtisseries maison : des jus naturels et des biscuits traditionnels sont préparés, notamment pour le Ramadan et l’Aïd
  • Réduction du gaspillage : les restes de plats sont réutilisés, le pain rassis sert à préparer des mets comme le “lablabi”

Préserver des habitudes alimentaires saines malgré les difficultés

Haj Mohamed, bien que vieillissant, ne souffre d’aucune maladie chronique. Il évite le sel et les fritures pour préserver sa santé. Ses enfants, eux, sautent souvent le dîner, mais lui préfère une collation légère comme un yaourt ou du pain trempé dans l’huile d’olive.

L’hospitalité impactée par la crise économique

Autrefois, la maison de Haj Mohamed était toujours ouverte aux invités. Mais aujourd’hui, la situation économique rend cette tradition plus difficile. “Avant, nous recevions souvent nos voisins et proches, mais aujourd’hui, nous peinons à subvenir à nos propres besoins”, regrette-t-il. Toutefois, la famille conserve certaines habitudes, offrant toujours du thé ou du café aux visiteurs.

Un exemple de résilience et de gestion intelligente

Malgré un revenu limité, Haj Mohamed et ses enfants s’adaptent en privilégiant des repas économiques, une gestion rigoureuse du budget et une consommation raisonnée. La table familiale continue d’être un lieu de partage, même avec des plats simples.

 Il conclut, avec sagesse : “ La quantité importe peu, tant que l’amour et la bénédiction sont présents à table.”

 

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