Tunisie Numérique s’est penchée sur les habitudes alimentaires des ménages tunisiens qui ont bien voulu partager avec nos journalistes, dans les régions, leurs modes de consommation.
L’initiative, intitulée ‘‘Dis-moi ce que tu manges’’, vise à dépeindre avec authenticité et sans préjugés la manière dont les familles tunisiennes gèrent leur budget alimentaire en période de crise.
Dans un élan de générosité et de transparence, les familles participantes, issues de divers horizons géographiques et socio-économiques de la Tunisie, ont volontairement accepté de révéler les coulisses de leur organisation domestique. Elles ont ouvert les portes de leurs garde-manger et réfrigérateurs, nous permettant ainsi d’observer de près les choix et les sacrifices qu’elles font au quotidien pour nourrir leurs proches.
Chaque récit décrit de manière fidèle les stratégies diverses et les adaptations nécessaires face aux défis économiques, tout en reflétant la richesse des traditions culinaires et la résilience des familles tunisiennes.
Entre deux terres: L’histoire d’une vie entre le Liban et la Tunisie
Hassan, 50 ans, d’origine libanaise et de nationalité tunisienne, vit au cœur de Sfax, sur l’avenue Hédi Chaker. Sa maison raconte l’histoire des migrations, des racines, et d’un art culinaire qui unit les cultures.
Fils d’un Tunisien originaire d’El Oueslatia, dans le gouvernorat de Kairouan, Hassan a grandi au Liban après que son père y ait émigré à la fin de la seconde guerre mondiale. Là-bas, il a épousé une Libanaise et a donné naissance à Hassan.
Il a choisi de revenir en Tunisie, terre de ses ancêtres, il y a plus de 15 ans.
Marié à Samira, une sfaxienne originaire de Kerkennah et cadre administratif dans une direction rattachée au ministère de la Culture, Hassan mène une vie paisible avec leur fils unique, Moussa, âgé de 13 ans.
Passionné de cuisine comme son père, Moussa exprime déjà un intérêt pour l’art culinaire.
La maison de Hassan: Un foyer à la croisée des cultures
La maison de Hassan n’est pas un simple foyer, mais un espace vivant, reflet de sa double culture.
Dès l’entrée, on se retrouve dans un univers où les traditions libanaises et tunisiennes cohabitent harmonieusement. Les couleurs chaleureuses, les objets orientaux, et surtout une cuisine organisée comme un studio gastronomique en disent long sur le métissage culturel.
Secrets d’un budget bien maîtrisé: L’art de vivre avec sagesse
Avec un revenu mensuel total de 5000 dinars, provenant des cours particuliers de Hassan, de ses revenus locatifs au Liban, et du salaire de Samira, le couple gère son budget avec une précision méticuleuse.
Un budget de 1500 dinars est consacré aux besoins domestiques, dont environ 350 dinars chaque semaine pour le marché. Hassan privilégie les produits frais des souks traditionnels de la médina et du marché central de Sfax.
Quand le Liban s’invite à Sfax: Une fusion gourmande
Hassan est bien plus qu’un cuisinier; c’est un artiste qui revisite les recettes libanaises authentiques avec une touche personnelle. Parmi ses plats phares, on trouve, Taboulé, et mujaddara.
S’ajoute à cela, Chich Taouk, riz biryani et en dessert : knafeh, qtayef, basboussa, et maamoul à la crème.
Cependant, fidèle à ses racines tunisiennes, Hassan maîtrise également des plats locaux tels que le couscous et la kamounia au poulpe.
Des saveurs renouvelées chaque jour
Avec les horaires administratifs de Samira, de 8H à 17H, Hassan prend en charge les repas familiaux.
Chaque jour, il prépare :
Des goûters pour Moussa : sandwichs au fromage, pâtisseries maison, ou jus frais ;
Des plats principaux qui varient entre spécialités libanaises et tunisiennes, garantissant diversité et équilibre.
“Pour moi, cuisiner est un acte d’amour, une manière de montrer mon attention à ma famille“, confie Hassan.
Hospitalité tunisienne et générosité levantine
La famille de Hassan est connue pour son hospitalité. Les repas avec les proches de Samira, originaires de Kerkennah, sont fréquents. Les plats libanais, soigneusement préparés par Hassan, côtoient des fruits de mer et poissons fraîchement pêchés, apportés par les invités.
De la guerre à l’espoir
Marqué par son expérience au Liban, un pays longtemps déchiré par les crises, Hassan a appris à apprécier les bénédictions simples.
“Rien ne se perd dans ma cuisine ; même les restes se transforment en nouveaux plats. Vivre en Tunisie, c’est une bénédiction, la paix et la sécurité sont des trésors que seules les personnes ayant vécu des conflits peuvent pleinement apprécier“, explique-t-il.
La cuisine: Beaucoup plus qu’une passion
Pour Hassan, la cuisine est plus qu’un moyen de subsistance : c’est une passion, un langage universel pour exprimer sa double identité.
“En Tunisie, la vie est agréable, à condition de gérer son budget avec intelligence.”
Avec un sourire, il conclut : “Que ce soit au Liban ou en Tunisie, la famille reste le refuge, et la cuisine, le cœur battant de la maison.”
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