Tunisie Numérique s’est penchée sur les habitudes alimentaires des ménages tunisiens qui ont bien voulu partager avec nos journalistes, dans les régions, leurs modes de consommation.
L’initiative, intitulée ‘‘Dis-moi ce que tu manges’’, vise à dépeindre avec authenticité et sans préjugés la manière dont les familles tunisiennes gèrent leur budget alimentaire en période de crise.
Dans un élan de générosité et de transparence, les familles participantes, issues de divers horizons géographiques et socio-économiques de la Tunisie, ont volontairement accepté de révéler les coulisses de leur organisation domestique. Elles ont ouvert les portes de leurs garde-manger et réfrigérateurs, nous permettant ainsi d’observer de près les choix et les sacrifices qu’elles font au quotidien pour nourrir leurs proches.
Divorcée et mère de deux enfants, Jamil (4 ans) et Akram (5 ans), Jamila vit au cœur de la médina de Sfax, dans une maison délabrée où une seule pièce lui sert de chambre et de cuisine. Malgré les conditions difficiles, elle fait preuve d’un courage sans faille pour offrir à ses enfants une vie digne.
Pour assurer leur subsistance, Jamila exerce le métier de chiffonnière, ou “barbècha”, ramassant bouteilles en plastique, canettes et autres matériaux recyclables.
Munie de sa charrette offerte par un voisin, elle arpente chaque nuit les ruelles sombres de la médina.
“Mes compagnons sont les chats et les chiens avec qui je passe la soirée“, confie-t-elle avec un sourire teinté de tristesse.
Son revenu mensuel ne dépasse pas 800 dinars, répartis entre une aide sociale de 250 dinars, ses modestes gains quotidiens (environ 20 dinars) et quelques dons de voisins et d’associations.
Avec peu de moyens, Jamila fait preuve de créativité pour préparer des repas nourrissants à ses enfants.
Lorsqu’elle en reçoit, elle la sèche pour en faire du “kadid”, une technique de conservation ancestrale. Quant au poisson, elle achète en fin de journée les espèces les moins chères au marché.
Jamila cuisine comme l’ont fait sa mère et sa grand-mère avant elle. Avec les restes de légumes, elle prépare des conserves pour ne rien gaspiller. Lorsqu’elle trouve des pommes à bas prix en saison, elle en fait des confitures maison, garantissant ainsi à ses enfants de petits plaisirs sucrés.
Chaque jour, elle se rend au marché populaire de la médina, toujours à l’affût des bonnes affaires. Elle achète en fin de journée, quand les prix baissent, et profite parfois de la générosité des commerçants qui lui offrent des invendus.
Malgré les épreuves, Jamila ne baisse pas les bras. Son plus grand rêve ? Un réfrigérateur.
“J’aimerais avoir un petit frigo pour conserver nos aliments et, pourquoi pas, un jour acheter un poulet entier au lieu de me contenter de la carcasse“, dit-elle, un brin d’espoir dans la voix.
Sa cuisine, bien que modeste, est un acte de résistance. Chaque plat qu’elle prépare est un geste d’amour, un combat silencieux pour offrir un peu de chaleur et de bonheur à ses enfants dans un monde impitoyable.
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