Economie – Fonds gelés : Incompétence, fantasmes et course contre la montre Suisse…

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Le chargé du contentieux de l’Etat, Ali Abbès a démenti, mardi 19 janvier 2021, les informations relayées récemment au sujet d’une éventuelle récupération par les proches de l’ancien président Ben Ali de fonds placés en Suisse, suite à l’expiration des délais légaux pour les rapatrier en Tunisie, conformément à des procédures judiciaires précises.

Abbès a indiqué que ces procédures se poursuivent, en dépit de l’intention de la partie suisse de lever le gel. Il a assuré que les autorités nationales sont toujours dans une position leur permettant de récupérer ces fonds, estimés à environ 60 millions d’euros (environ 180 millions de dinars tunisiens).

Sous cet angle, le responsable a affirmé que les autorités suisses ont adressé une note aux autorités tunisiennes leur suggérant de s’adosser à des jugements par contumace rendus par la justice tunisienne à l’encontre des personnes concernées par le gel, accompagnés d’une note explicative du processus de restitution, sachant que la Suisse exigeait auparavant des jugements contradictoires.

Cette affaire qui a pris de l’ampleur dans les médias et auprès de la population soulève plusieurs points d’interrogations. Il s’agit essentiellement du « processus » adopté par les autorités tunisiennes dans le traitement du dossier des fonds gelés, jugé par plusieurs observateurs comme ni sérieux ni efficace. Rappelant que les fonds ont été pillés grâce à  fait avec des stratégies « efficaces » et l’assistance de conseillers professionnels.

Objet de tous les fantasmes populaires à l’instar du coffre-fort « trouvé » au palais de Sidi Dhrif en 2011, certains politiciens sortent la vieille carte des fonds gelés et font miroiter à une population de plus en plus démunie, l’illusion de l’argent qui tombera du ciel ou de Suisse et qui résoudra tous les problèmes du pays. Des problèmes dont la classe politique au pouvoir depuis dix ans est totalement ou partiellement responsable.

Il est presque évident actuellement qu’il est complexe et difficile de récupérer un sou des fonds gelés vu l’incompétence légendaires de la classe politique, d’une part et la complexité des procédures, d’autre part. Rares sont les cas où un pays spolié a récupéré l’argent volé et caché dans des banques suisses ou ailleurs .

Pour rappel, les fonds gelés dont on parle depuis des années ne représentent pas grand-chose par rapport au saignement que subit le pays depuis 2011.

Au fait, selon les chiffres de la Banque centrale de Tunisie (BCT), la dette extérieure totale (Etat + entreprises) a atteint 76,97 milliards de dinars en 2019. Entre 2010 et 2019, la dette de l’administration dans l’ensemble de la dette extérieure est passée de 66% à 77% et dont la majorité a été gaspillée et n’a jamais servi à financer, l’infrastructure, des mégaprojets ou des investissements à long terme, outre les budgets monstres des instances dites constitutionnels et du Parlement qui s’élèvent chaque année à des milliards de dinars…

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek