Le 5 décembre 2024, le taux de change du livre égyptienne a franchi un seuil historique en clôturant à 50,0024 livres pour un dollar, une baisse significative marquant un nouveau chapitre dans la crise monétaire qui touche l’Égypte.
Cette dépréciation est intervenue après des pressions croissantes sur la livre, en particulier suite à des échéances de dettes et un climat économique difficile, aggravé par un excédent monétaire croissant et la réduction des réserves en devises étrangères.
Un seuil historique atteint pour la livre égyptienne
Le taux de change du livre égyptienne a dépassé la barre symbolique des 50 livres pour un dollar, franchissant ainsi un seuil critique pour l’économie du pays. Cette dévaluation n’est pas une surprise totale, mais elle marque une étape de plus dans le difficile processus d’adaptation économique après l’accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) signé en mars 2024.
Le contexte économique de l’Égypte, notamment l’inflation galopante et la rareté des devises, a joué un rôle clé dans cette dépréciation. Le pays a vu son offre en devises étrangères diminuer alors que les investisseurs étrangers cherchent à sécuriser leurs fonds en réponse aux incertitudes politiques et économiques. Selon les chiffres du ministère des Finances, la livre égyptienne a perdu près de 50 % de sa valeur par rapport au dollar depuis le début de l’année.
Contexte de cette dépréciation : Accord avec le FMI et pression sur les finances publiques
En mars 2024, l’Égypte avait signé un accord avec le FMI pour bénéficier d’un prêt de 8 milliards de dollars, dans lequel le pays s’engageait à laisser les forces du marché, notamment l’offre et la demande, déterminer le taux de change. Cet accord a incité à la dévaluation de la livre, ce qui n’a fait qu’accentuer la pression inflationniste.
Une des raisons majeures de cette crise est l’échéance imminente de paiements étrangers pour les dettes libellées en dollars. En particulier, les titres de la dette à court terme, comme les bons du Trésor, doivent être remboursés au cours des prochains mois, ce qui a créé une forte demande pour les devises étrangères.
L’inflation et le déficit commercial : Des éléments aggravants
Le problème du déficit commercial a également contribué à la dévaluation. La facture des importations a continué d’augmenter alors que la monnaie égyptienne se dépréciait, ce qui a pesé sur les entreprises locales, rendant les produits étrangers plus chers et exacerbé les pressions inflationnistes. De plus, l’inflation continue de croître, atteignant des niveaux record, avec une estimation à près de 30 % en novembre 2024. Les prix des denrées de base et des biens de consommation ont fortement augmenté, réduisant le pouvoir d’achat des égyptiens.
Les impacts sociaux : Réduire la pauvreté et les inégalités
Le gouvernement égyptien a dû mettre en place des mesures pour atténuer les effets de cette crise, telles que la distribution de subventions ciblées et des ajustements dans les salaires du secteur public. Toutefois, la situation reste préoccupante pour une grande partie de la population qui fait face à une situation de plus en plus difficile. Les réformes économiques exigées par le FMI se poursuivent, notamment la rationalisation des subventions et l’augmentation des recettes fiscales, mais ces mesures se heurtent à une forte opposition interne, surtout dans le secteur informel.
La réponse du gouvernement : Plan de soutien à l’économie
En réponse à la dépréciation de la monnaie, le gouvernement a décidé de suivre les recommandations du FMI, qui suggèrent de maintenir un système de change flexible pour attirer davantage d’investissements étrangers et permettre à l’économie de se stabiliser. Parallèlement, il a lancé un projet de diversification économique visant à réduire la dépendance du pays vis-à-vis des exportations de pétrole et des aides extérieures.
Le gouvernement a également annoncé la mise en place d’un fonds spécial pour soutenir les entreprises locales face à la hausse des coûts, tout en mettant l’accent sur les investissements dans les secteurs clés comme l’industrie, le tourisme et l’agriculture.
Les prévisions : Rétablissement ou nouvelle crise ?
Alors que le pays s’engage dans une phase de réformes structurelles imposées par l’accord avec le FMI, le chemin vers la stabilité semble semé d’embûches. La question de la capacité de l’Égypte à rétablir la confiance des investisseurs étrangers demeure cruciale, tout comme le maintien de la stabilité sociale dans un contexte de plus en plus difficile pour la population.
L’avenir proche de la livre égyptienne reste donc incertain, malgré les efforts du gouvernement. Selon les experts, la transition vers un système économique plus diversifié et durable pourrait prendre plusieurs années, et il faudra continuer à jongler entre ajustements économiques difficiles et attentes sociales croissantes.
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