La dernière fois qu’Alger et Rabat se sont frottés c’était un duel à distance, par le biais des Accords agricole et de pêche entre le Maroc et l’Union européenne (UE). Le bras de fer s’était soldé par deux revers, deux victoires accordées par l’UE aux Sahraouis. Cette fois l’affrontement entre l’Algérie et le Maroc est direct, sur le théâtre de l’Union africaine (UA). Les deux voisins et adversaires bataillaient autour d’un poste clé, la vice-présidence de la Commission de l’Union africaine (UA), pour épauler le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission, la fonction la plus en vue au sein de l’organisation. Cette fois aussi le combat a tourné à l’avantage d’Alger.
C’est finalement la candidate algérienne, Selma Malika Haddadi, qui a brillé face à sa rivale marocaine Latifa Akharbach, présidente de la Haute autorité de la Communication audiovisuelle et ex-ambassadrice en Tunisie. La force tranquille du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, est pour beaucoup dans ce succès diplomatique retentissant et qui aura des retombées. Rappelons que le chef de l’Etat algérien a fait le déplacement pour ce sommet, durant lequel il a président les travaux du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP). D’ailleurs il a annoncé une aide d’un million de dollars pour muscler cet organisme.
Le Maroc n’a pas déployé la même artillerie pour peser sur le cours des événements, un handicap lourd pour sa candidate. La diplomate algérienne de 47 ans a battu cette dernière à plate couture, au 7ᵉ tour elle était seule devant les votants. Reste les accusations, qui n’arrangeront pas les choses entre Alger et Rabat. «Le Maroc voulait faire perdre, par tous les moyens, la candidate de l’Algérie. Il n’a pas présenté de candidat pour gagner, mais pour barrer la route de la commission africaine à la diplomate algérienne. C’est du jamais vu», s’insurge une source algérienne sur TSA.
A noter qu’au départ 4 pays nord-africains ont présenté chacun un candidat : l’Algérie, le Maroc, l’Égypte et la Libye. Le poulain de la Libye a jeté l’éponge dès le 1er tour et l’Égyptien a été recalé au 3ᵉ tour. Au 6ᵉ tour, Selma Malika Haddadi a eu le dessus sur la candidate marocaine. Seul en lice au 7ᵉ tour Alger a triomphé. L’Égypte a voulu profiter de l’animosité entre Rabat et Alger pour se glisser et rafler le poste, raté…
La source algérienne a ajouté que le Maroc a tout essayé pour que les pays africains n’élisent pas Mme Haddadi ; le royaume serait même allé jusqu’à proposer de se désister avec l’Algérie, pour que le candidat égyptien passe. «C’est une compétition et c’est aux urnes de trancher», auraient asséné les émissaires algériens. L’activisme du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita et du patron des renseignements extérieurs n’a pas pesé lourd à Addis-Abeba (Ethiopie), pas cette fois.
«Le Maroc pensait à tort qu’il pouvait tout acheter avec l’argent en Afrique. Il s’est trompé de continent et de stratégie. Cette élection a démontré la place de l’Algérie sur le continent. Les amis de l’Algérie se sont mobilisés pour permettre à Selma Malika Haddadi de gagner loyalement», commente la même source.
L’Algérie a bien fait les choses, méthodiquement, en expliquant aux pays africains les grands objectifs du programme qu’elle entend défendre à la Commission de l’UA. Dans ce sens le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a mouillé la chemise dans les capitales africaines et conversait régulièrement avec ses homologues africains. Ce travail de fond a payé semble-t-il. Le revers est d’autant plus amer pour la diplomatie marocaine qu’elle est un ténor incontesté sur le continent…
Rabat devra revoir sa copie face à la démonstration de force de l’Algérie et de son président. Rendez-vous aux prochaines échéances de l’UA.
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