La démocratie et la société américaines, on le sait, sont malades, et c’est un des éminents représentants des USA, l’ancien président Jimmy Carter, qui l’a dit publiquement. L’irruption de l’OVNI républicain Donald Trump sur la scène politique a indéniablement accentué les maux de l’Amérique. Dans aucune autre démocratie digne de ce nom on ne verra un trublion pareil camper au sommet de l’Etat. Un type qui insulte l’adversaire – la démocrate Kamala Harris -, la traite de folle dingue avec un QI de poisson et d’autres noms d’oiseau que la décence nous empêche de répéter n’a pas sa place dans une vraie démocratie. Un type dont le soutien – Elon Musk – achète publiquement des voix n’a pas sa place dans une présidentielle digne de ce nom. Mais voilà, on est aux Etats-Unis. Ce pays-là de plus en plus de citoyens n’en veulent plus, ils le fuient.
Trump a déjà annoncé la couleur dans son ignoble vidéo
Quelle que soit l’issue du vote de ce mardi 5 novembre on est parti pour une longue période de soubresauts politiques voire de violences, endémiques ou larvées. Trump avait déjà annoncé la couleur en pondant une vidéo ignoble dans laquelle il mettait en scène le président Joe Biden ligoté sur la banquette arrière d’un pick-up. Cette horreur a été pardonnée au républicain, comme on lui a pardonné ses histoires scabreuses avec une ex-actrice de films pornographiques, sa pléthore de condamnations pour fraude fiscale et falsification aggravée de documents comptables, etc.
Dans n’importe quel Etat de droit l’ex-président aurait été jeté en prison depuis belle lurette, que Nenni aux USA, il est même auréolé d’une gloriole qui pourrait le replacer sur son fauteuil, à la Maison Blanche. Et même si Kamala Harris le bat ça ne dépolluera pas pour autant le climat socio-politique. Certes on n’aura pas un cataclysme du type invasion du Capitole, avec son lot de morts, cette fois les autorités prendront leurs précautions. Mais on pourrait avoir une kyrielle d’actions orchestrées dans tout le pays pour le rendre ingouvernable.
Tout ça beaucoup d’Américains n’en veulent pas, ce qui grossit la vague d’émigration, d’après “Bloomberg”. Et même pire, le “Sydney Morning Herald” rapporte que de plus en plus d’Américains optent pour une solution radicale afin de couper définitivement avec ces bruits funestes : ils renoncent à leur nationalité. Ici on est bien au-delà de l’expatriation pour fuir les violence politique ou les impôts assommants, c’est un divorce avec une certaine idée de l’Amérique.
A mesure qu’on s’approche de l’élection présidentielle le désir d’ailleurs enfle chez de nombreux citoyens. Les entreprises spécialisées telles qu’Expatsi font état d’une envolée de la demande pour filer vers l’étranger. “Après le débat entre Biden et Trump, notre trafic a augmenté de 900%”, confie Jen Barnett, fondatrice d’Expatsi, domiciliée au Mexique. Cet appel d’air est avant tout un besoin impérieux de se soustraire aux tensions politiques, d’avoir une meilleure qualité de vie.
Pour les Américains l’Espagne et le Portugal sont un eldorado
Basil Mohr-Elzeki, du cabinet de conseil Henley & Partners, est d’avis que “l’incertitude politique est le moteur principal” de cette dynamique. Et pour les candidats au départ le Portugal et l’Espagne sont les destinations les plus attractives, pour leur qualité de vie et les facilités à la disposition des “nomades numériques”. Par ailleurs les “visas dorés” ouvrent sur des permis de résidence par le biais d’un investissement…
La chose est condamnable moralement mais les bénéficiaires n’en ont cure, l’essentiel est ailleurs. Pour Artur Saraiva, cofondateur de Global Citizen Solutions, une entreprise qui épaule les entreprises et les particuliers dans les procédures d’émigration, “le Portugal attire énormément” du fait du cadre légal pour accéder plus facilement à la citoyenneté européenne.
D’autres expatriés américains optent pour le retour sur la terre des ancêtres, la “citoyenneté par descendance”, vers des destinations telles que l’Italie, comme d’ailleurs le font les musulmans de France. Marco Permunian, avocat italien, confirme que “le sentiment d’instabilité aux États-Unis” convainc de plus en plus d’Américains que la double nationalité, avec un passeport européen, est la planche de salut.
Le fait que plus en plus d’Américains résidant à l’étranger vont jusqu’à renoncer officiellement à leur citoyenneté est un phénomène nouveau qui s’accélère durant les années électorales. Et en 2024 on atteint des sommets en termes de clivage politique. “Aux États-Unis, le fossé entre les républicains et les démocrates se creuse”, confie Dan Moffet, un expatrié qui a choisi l’Australie et a renoncé à son passeport américain. Il exprime sa joie d’atterrir “dans un endroit où [il] ne se sent jamais en danger”, tout le contraire des USA.
Pour beaucoup la sacro-sainte “identité nationale” américaine ne pèse plus lourd face aux impératifs de sécurité, de bien-être social, d’épanouissement individuel, même si tout le monde sait que l’émigration a aussi ses difficultés.
Toutefois il n’y a pas que les positions extrêmes de Trump comme épouvantail pour faire fuir définitivement les Américains, il y a aussi le système fiscal. Il taxe tout, même les revenus générés à l’étranger par les expatriés. “L’Internal Revenue Service [le fisc américain] est effrayant”, commente une ancienne citoyenne. Reste qu’enterrer la nationalité américaine a un coût, très élevé et les démarches administratives sont fastidieuses, histoire de décourager les candidats. Mais pour ces derniers le jeu en vaut largement la chandelle.
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