Economie

En pleine crise, les banques lâchent les entreprises

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La crise sanitaire bat son plein, un très grand nombre d’entreprises sont pratiquement à l’arrêt, incapables de payer les salaires et les dépenses courantes incompressibles (charges sociales, factures STEG, SONEDE, fournitures de base, etc..) et pourtant les banques coupent le robinet des crédits et pas n’importe lesquels. Ce sont en particulier les crédits de gestion nécessaires à la survie des professionnels et des entreprises souffrant de la crise.

Selon les données publiées hier par la Banque centrale de Tunisie sur les évolutions économiques et monétaires au terme du mois de février 2021, le rythme de progression des crédits à l’économie a décéléré en janvier 2021 (en glissement annuel), pour se situer à 5,7%, contre 6,8% en décembre 2020.

La BCT explique cette baisse par la décélération des crédits aux professionnels (+5,3% contre +7,2%), suite au repli des crédits à court terme (-3,2% contre +0,5% en décembre 2020).

En revanche, le rythme de progression des crédits aux particuliers s’est affermi – avec des conséquences inflationnistes certaines – pour atteindre +6,7% contre +5,8% en décembre 2020, portant la marque d’une accélération des crédits à la consommation et des crédits similaires (+8,9% et +4,2%, respectivement, contre +7,6% et +3,8%).

Ce qui veut dire que les banques lâchent tout simplement le tissu entrepreneurial, malgré les garanties qui représentent en moyenne 180% des crédits bancaires et qui sont de « nature » difficilement accessibles aux entreprises.

Rappelons que les résultats de l’étude d’impact socio-économique sur le secteur privé, 3ème phase, élaboré par l’Institut National de la Statistique (INS), en collaboration avec la Société financière internationale (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale et publiée le 18 février dernier indiquent que 54,9% des entreprises ont déclaré rencontrer des difficultés d’accès aux services financiers.

Les résultats de l’enquête montrent aussi une baisse du chiffre d’affaires qui a été enregistrée en novembre 2020, touchant 86% des entreprises, par rapport à l’année précédente, contre 82,3% en juillet 2020 et 88,8% en avril 2020. La production a connu pour les entreprises une dégringolade très importante alors que les ventes aussi bien sur le marché local que pour l’exportation ont enregistré une grande chute.

Ces problèmes ont obligé plusieurs entreprises à fermer leurs portes et à mettre à la rue des centaines d’ouvriers et d’agents, ce qui a gonflé le nombre de chômeurs.

Malgré les aides annoncées par les pouvoirs publics, certaines entreprises n’ont pu avoir accès au financement bancaire.

Si les banques ont accepté le report des échéances de remboursement des crédits arrivés à terme, la majorité ont refusé d’accorder de nouveaux crédits à ces entreprises, devenues insolvables dans la mesure où elles n’ont pas encore réglé leurs anciens crédits, malgré l’appel lancé par la Banque centrale de Tunisie (BCT) aux institutions financières pour participer plus activement au soutien des entreprises qui passent par des difficultés conjoncturelles afin de leur permettre de surmonter les problèmes rencontrés et pouvoir ainsi préserver les emplois.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek